lundi 24 novembre 2014

Paris de Zaz : Paris réussi ?

Paris de Zaz : Paris réussi ?
Prise dans quelques polémiques stériles et lamentables on avait presque oublié que Zaz sortait son troisième album : Un disque reprenant quelques grandes chansons en hommage a Paris. Si Cyclamen n'avait pas été convaincu par Recto-Verso, Chamau lui a été agreablement surpris par ce nouvel opus.






Chamau
Dire que je n'attendais pas le troisième album de Zaz avec un certain a priori serai un mensonge. Il faut avouer que son projet de rendre hommage à Paris à travers un disque de reprise me semblait peu original et pour tout dire d'une grande facilité. On savait que Zaz et ces allures de chanteuse réaliste lui avaient valu une comparaison flatteuse avec une certaine Piaf, il n'était donc pas étonnant, qu'avec sa gouaille et sa simplicité, on la retrouve à interpréter de tels standards de la chanson française. Et puis les premières informations sont tombées avec des collaborations qui mettent l'eau à la bouche. Quincy Jones, John Clayton ou encore le légendaire Aznavour : autant de grands noms qui annonçaient un album plus intéressant qu'il en avait l'air.

« Paris sera toujours Paris !/ La plus belle ville du monde/ Malgré l'obscurité profonde/ Son éclat ne peut être assombri/ Paris sera toujours Paris !/ Plus on réduit son éclairage/ Plus on voit briller son courage/ Plus on voit briller son esprit/Paris sera toujours Paris ! » Paris sera toujours paris – Paris - Zaz

On a beau avoir toutes les réticences du monde un constat s'impose dès la première écoute : l'album, résolument jazz, est remarquablement produit. L'orchestre de très haute tenue accompagnant la chanteuse évitent l'écueil des accordéons et des arrangements poussiéreux. Très classe sans être ronflant la musique s'accorde avec une Zaz particulièrement en forme qui semble avoir gommé certaines de ses caractéristiques les moins flatteuses. En effet, la chanteuse articule davantage et a surtout canalisé son énergie, comme si ces classiques du répertoire français, suffisamment explicite pour ne pas se chanter de manière trop démonstrative l'avaient poussé à la retenue. On appréciera son Champs-Élysées tout en crescendo ou son Paris-Canaille dont l'argot résonne particulièrement bien entre ses lèvres. On regrettera cependant la Parisienne (de la fantastique Marie-Paule Belle) beaucoup trop sage et surtout pas assez coquine. Pas de quoi gâcher notre surprise. Zaz se pose finalement comme une belle interprète en working progress Sa plus jolie réussite est Dans mon Paris : dans un habillage jazz manouche, sa voix est absolument délicieuse, tout en simplicité.

« Dans mon Paris des petits quartiers, oubliés les tourristes, les cartes postales et les vieux clichés. La tour Eiffel s'la joue aux yeux des passants, mais moi j'vous emmène à Menilmontant/ V'nez prendre un p'tit verre, z'étes mes invités » Dans mon Paris – Paris - Zaz

Pas de révolution cependant, Zaz marche dans un territoire connu, servie par des chansons qui lui sont familières et surtout lui ressemble. Cela donne un disque qui tient fatalement ses promesses avec notamment des duos très efficaces : avec Dutronc sur La romance de Paris la chanteuse affichent une belle complicité, Sur I love Paris Nikki Yanofsky et elle se livrent un duel vocal aux lames acérées, mais le must est sans doute la chanson qu'elle partage avec le grand Aznavour, même si le chanteur accuse le poids des ans cela reste un pur moment de jubilation. Le disque évite les nids-de-poules sans vraiment surprendre mais sans jamais décevoir. On joue la carte du rétro à fond, si bien que même Paris, l'après-midi (seul morceau original) semble venir tout droit d'une autre époque. Pas de fausse note, hormis le morceau final, J'ai deux amours, grandiloquents et tout à fait dispensables.

« Certains soirs quand j'ai du vague à l'âme/ Je me souviens des p'tits squares où l'on oublie ses peines/ Et ses chagrins qu soleil de l'après midi,/ A Paris Les boulevards sont couverts de promeneurs, et de carrioles/ Dans les gares, les voyageurs se pressent dans la banlieue/ Pour passer un après midi/ A Paris » Paris l'apres-midi, Paris, Zaz

C'est donc un joli album que nous livre la chanteuse, mais si le constat est positif, il est presque amer. A l'écoute d'un timbre tel que celui Zaz livrant des prestations si convaincant sur des chansons aussi mythique on regrette que la chanteuse n'est jusqu'ici pas trouvé de morceau original a sa hauteur et des auteurs suffisamment ambitieux pour lui offrir de grands textes (hormis peut-être Raphael qui avait signé les deux plus beaux morceaux de son premier album). On espère que ce disque donnera à Zaz et a sa maison de disques le goût d'un répertoire un peu plus raffiné qui permettrait à une voix si atypique de s'exprimer pleinement, elle le mériterait.

Notre critique de Recto-Verso : http://papiersamusique.blogspot.fr/2014/03/recto-verso-dezaz-notrebrave-cyclamen.html

6/10


Chamau

Nous ne sommes ni des donneurs de leçon, ni le glaive infaillible du bon goût, il ne s'agit là que d'un avis subjectif. Nous avons tous une vision de la musique différente, avec des gouts et des priorités différentes. N'hésitez pas à laisser des commentaires afin d'enrichir le débat, toute critique est bonne à prendre ! 

2 commentaires:

  1. Intéressante votre critique, bien meilleure à mon goût que celle faites pour Recto verso (sur laquelle j'avais réagis alors). Bien sur j'aime Zaz donc on dira que c'est pour cela que j'apprécie votre recension positive. Pourtant objectivement je trouve votre texte meilleur alors que je critiquais chez votre collègue certaines facilités d'écriture et une ironie trop facile qui avait le dont de m'agacer. Je pense qu'on ne critique vraiment bien que ce qui nous plaît ou, pour le moins, lorsqu'on au delà de la déception du moment , on y décèle une potentialité positive et une marge de progression. En fait, les critiques ne devraient écrire que sur ce qu'ils aiment..
    je vais juste dans un premier temps réagir sur une critique assez récurrente « encore un disque de reprise »... « facilité », « manque d’originalité » etc. Si finalement vous même ne tombez pas trop dans cette « facilité » critique, je trouve ce procès largement infondé: dans les années cinquante, tout le monde reprenaient les chansons de tout le monde : la même chanson, souvent récente certes, étaient reprise par Gréco, Catherine Sauvage, Patachou, Cora Vaucaire Pia Colombo, les frères Jacques etc... Le reprise est même une permanence dans la chanson (d’ailleurs la chanson populaire s'est bâtis au XIXe siècle sur les reprises : reprises d'airs, puis reprises de chansons entières, l'absence d'enregistrement phonographique rendant certes ces pratiques nécessaires). La reprise d'auteurs, mêmes disparus, est aujourd'hui encore à la base d'une multitude de projet artistique de la part de chanteurs plus ou moins consacrés : on peut citer ô combien de grande réussite artistiques de chanteur reprenant Bobby La Pointe, Brassens, Boris Vian etc Un des chroniqueur de votre site est d’ailleurs parti dénicher, dans le grenier de ses parents je suppose, le superbe disque de Léotard chantant Ferré... on peut aussi cité le dernier Sanseverino.
    N'y a -t-il pas là une sorte de mépris fort répandu du pur interprète ? Aujourd'hui, il faut être auteur compositeur ou pour le moins faire du neuf, être original, avoir des auteurs à soi... bref on oublie que la chanson peut aussi être un standard : en jazz les artistes sont attendus sur les reprises rarement sur des compositions originales (tout le monde n'est pas Duke Ellington).
    Bref tout cela pour dire que les reprises ne sont pas réellement une « facilité » pour les interprètes, mais au contraire un redoutable révélateur de leur capacité à s'approprier des chanson qui n'ont pas été écrites pour eux à l'origine, et se confronter à des interprétations parfois immenses fait courir au « repreneur » de rendre la comparaison peu à son avantage ! Je pense que c'est justement le brio et le talent de Zaz et de son équipe d'avoir réussis un tel disque !

    (PS : j'ai lu plusieurs de vos chroniques qui sont, même quand vous êtes mitigé, plutôt bienveillantes et j'aime ça ; mais faites quand même un effort sur l'orthographe et pour quelques coquilles ! Je dis ça, même si j'en fait beaucoup aussi... mais comme on dit :« la paille et la poutre »...)

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    1. Bonjour, tout d’abord je suis vraiment désolé de n'avoir pas répondu avant (les examens tout ça... c'est impardonnable mais j'essaye de donner un semblant de justification). Je vous remercie de votre commentaire mais aussi de votre fidélité. Concernant les albums de reprises : Ce n'est pas que je sois contre (en effet le jazz et la chanson française en général en sont émaillés). Le risque c'est quand les artistes manquent de légitimité artistique (par exemple Vitaa chantant Aznavour) et quand c'est fait par manque d'idée ou a des fins purement commerciales. Ce qui m'a inquiété de prime abords avec Zaz c'est que cela soi pour la deuxieme raison parce que bien qu'elle absolument les outils pour défendre ce répertoire on aurai pu penser que c'etait un moyen facile pour elle de rester dans l'actualité. Finalement on sait qu'il n'en ai rien et que Zaz a fait ce disque avec beaucoup de sincérité... Tout ça pour dire que pour moi un album de reprise ne se justifie que si l'artiste qui s'y prete à une identité vocale ou artistique forte : Zaz a cette voix si singulière qui lui permet d'imprimer sa patte sur des textes de répertoire et je pense qu'elle est une des rares (de cette génération) a pouvoir le faire. Le probleme c'est que ce sont souvent des chanteurs sans vrai personnalité et sur la pente descendante qui s'adonnent a ce genre d'exercice c'est pour cela que ce phénomene m'agace. Voilà, voilà. J'espere avoir repondu a vos reflexions et vous souhaites une bonne année 2015. :)

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