Il y a des albums qui plaisent, des albums qui déçoivent et il y'en a qui nous surprend ! C'est le cas du tout nouvel album de Jean-Louis Aubert dont Chamau propose de faire la chronique.
Chamau |
« Où est-ce que je suis ?/ Qui êtes-vous ?/ Qu’est-ce que je fais ici ?/ Emmenez-moi partout,/ Partout mais pas ici,/ Faites-moi oublier/ Tout ce que j’ai été/ Inventez mon passé,/ Donnez sens à la nuit./ Inventez le soleil/ Et l’aurore apaisée/ Non je n’ai pas sommeil,/ Je vais vous embrasser/ Êtes-vous mon amie ?/ Répondez, répondez. » Isolement – Aubert chante Houellebcq – Les parages du vide – Jean-Louis Aubert
Composé en grande partie de ballade et de morceau relativement radiophonique le disque se révèle moins conceptuel qu'on aurait pu le penser. Force de constater qu'en effet, l'album de Jean-Louis Aubert évite tout les travers de l'exercice, ne se rendant pas difficile d'approche par la complexité des textes avec des chansons très structuré (avec des semblants de refrain voir des refrains tout courts comme sur Se sera toi) et des mélodies solide. Il faut dire que le chanteur a sélectionné les textes les plus romantiques et surtout ceux qui lui parlait de plus : l'amour, le temps qui passe, la mort de l'être aimé (notamment sur le très joli Novembre magnifiquement chanté) autant de thème qui fait sens dans le parcours d'Aubert, l'artiste s'essaye même sur des poèmes plus elliptiques comme Les reflets du vide avec un certain brio accompagné par une musique très percutante. L'on découvre en Aubert un grand interprété absolument insoupçonné, jamais excessif.
« Je suis venu dans le café au bord du fleuve,/ Un peu vieilli un peu blasé/ J'ai mal dormi dans un hôtel aux chambres neuves/ Je n'ai pas pu me reposer/ Il y a des couples et des enfants qui marchent ensemble/ Dans la paix de l'après-midi/ Il y a même des jeunes filles qui te ressemblent/ Dans les premiers pas de leur vie./ Je te revois dans la lumière,/ Dans les caresses du soleil/ Tu m'as donné la vie entière/ Et ses merveilles/ Je suis venu dans le jardin où tu reposes/ Environnée par le silence/ Le ciel tombait et le ciel se couvrait de rose,/ Et j'ai eu mal de ton absence/ Je sens ta peau contre la mienne,/ Je m'en souviens je m'en souviens/ Et je voudrais que tout revienne,/ Ce serait bien... Ce serait bien/ » Aubert chante Houellebcq – Les parages du vide – Jean-Louis Aubert
Si tout l'album, assez dense, ne fait pas mouche à chaque fois on se retrouve avec quelques jolies perles, au delà d'Isolement et de Novembre cité plus haut on peut également cité La possibilité d'une île (déjà chanté, il y a quelques années par une certaine Carla Bruni), mais aussi le remarquable et très étrange Roi des Bohèmes qui vous plonge dans une ambiance douce et grave. Autre coup de cœur : Face B, violente et profondément rock, une vraie réussite. Petit bémol cela dit, la voix d'Aubert qui sur certains morceaux peut être carrément fausse dès qu'il monte haut (en particulier sur Canaris et Lorsqu'il faudra) et qui peut parfois se montrer irritante, mais pas de quoi boudé son plaisir.
C'est la face B de l'existence,/ Sans plaisir et sans vraie souffrance/ Autre que celles dues à l'usure/ Toute vie est une sépulture/ Tout futur est nécrologique/ Il n'y a que le passé qui blesse,/ Le temps du rêve et de l'ivresse,/ La vie n'a rien d'énigmatique./ Aubert chante Houellebcq – Les parages du vide – Jean-Louis Aubert
Au final, résulte de ce projet une symbiose extrême de deux artistes que tout semble opposé et qui finalement s'apportent ce qui manqua à l'autre : Houellebecq offrant un peu de gravités et de corps à un chanteur qu'on avait tendance à croire un peu mièvre et Jean-Louis Aubert apportant une lumière et un premier degré a des textes qu'on imagine très cynique. Découvrant à la fois un Houellebecq plus sincère et touchant et un Aubert moins naïf (ce que l'on commençait à entrevoir avec son album Roc'Eclair), Les parages du vide sera sans aucun doute décisif dans l'étonnent parcours d'un artiste qui a presque 60 ans parvient a surprendre et a proposer un album très fort, sans posture aucune, et empreint d'une profonde émotion : un disque risqué et réussi comme on aimerait en voir plus souvent.
7/10
Chamau
Nous ne sommes ni des donneurs de leçon, ni le glaive infaillible du bon goût, il ne s'agit là que d'un avis subjectif. Nous avons tous une vision de la musique différente, avec des gouts et des priorités différentes. N'hésitez pas à laisser des commentaires afin d'enrichir le débat, toute critique est bonne à prendre !
c'est quand même dingue de se renouveler à ce point après presque 40ans de carrière !
RépondreSupprimerTrès bel article pour ce très bel Album !
RépondreSupprimerJ'ai juste un petit regret : en manque des mots de Jean-Louis (et il sais y faire) qu'il cache sans doute dans sa besace...
Peut etre pour la prochaine fois ;)
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