Older
de Yaël Naim : Un
trop bon album.
Pour son retour consacré aux artistes nommés aux Victoires de la Musique, le P.A.M s’intéresse au dernière album de Yael Naim, encensé par la critique. Grand disque ou pétard mouillé ? C'est ce que nous allons voir.
On ne présente plus Yaël Naim, ses débuts balbutiants dans la musique avec sa participation à la fameuse comédie musical d'Elie Chouraqui (Les dix commandements) et son maladroit premier opus In a Man's Whomb jusqu'au succès internationale de New Soul en 2007 qui l'a rendit incontournable dans le paysage musical. Depuis la chanteuse a continué sa route avec une musique toujours plus éclectique et raffiné. Son quatrième album Older est sorti en 2015 ; distribué par Tot ou tard et toujours réalisé avec son compagnon le multi-instrumentiste David Donatien, avec qui elle travaille en totale complicité. C’est donc sans trop sortir des sentiers battus que Yaël Naim nous livre ce disque très personnel qu'elle a conçu comme une réflexion autours de la maternité, de la mort (elle aura connu le décès de sa grand-mère) ainsi que du temps qui passe (d'ou « Older », le titre de l'album)
Dès
la première écoute un constat s'impose, Older est d'une
implacable maîtrise. Maîtrise de la voix (en particulier des aigus)
de la chanteuse, élégances des textes et bien évidemment richesse
des arrangements. Car la grande force du disque vient de sa grande
diversités mélodiques et instrumentales, passant aisément d'un
registre blues, à des morceaux beaucoup plus pop en lorgnant même
vers la comptine (avec Irma,
chanté en hébreux). Un disque très cohérent qui ne joue pas sur
une seule tonalité : Très naïve sur le très jolie Make
a Child, grandiloquente sur
Trapped ou intimiste
sur Older,
l'interprétation de Yaël
Naim atteint toujours son but servant des textes qui n'ont jamais été
aussi aboutis dans sa discographie. On notera également un très
grand travail sur les chœurs, d'une harmonie et d'une puissance
folle notamment sur Coward,
perle de profondeur à l'ambiance quasi-religieuse. Un album
irréprochable ou la qualité factuelle est souveraine… ce qui est
peut-être ce qui le dessert.
En
effet, et c'est terrible, l'auditeur pourra se sentir un peu mis à
l'écart de cet exercice de force. Si Older est
une reussite en tout point il manque tellement d’aspérités qu'il
en devient presque inaccessible. Un disque, on aime qu'il se
rapproche de nous et cette promiscuité passe par un peu de
faiblesse. On aimerait des plaies béantes pour s'engouffrer dedans,
des cicatrices un peu plus visibles pour que l'on ai envie de les
comparer aux nôtres. Même si certaines chansons abordent des
thèmes graves ils sont beaucoup trop bien amenés pour que l'on
sente l'artiste tomber de son piédestal, Yael Naim se refuse à
chuter, sans doute par timidité ou par pudeur. Elle ne se laisse
atteindre qu'a la toute fin du disque avec Older
et Meme Iren Song
(morceau country joué a l'accordéon) ou la chanteuse est tellement
mise à nu qu'on jurerait que sa prestation ne fut faite qu'en une
prise. Pour moi les deux plus belles chansons du disque.
7/10
Chamau
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