vendredi 19 septembre 2014

Inspiré de faits réels de Bénabar : Si inspiré que ça ?

Inspiré de faits réels de Bénabar : Si inspiré que ça ?
L'un des artistes français les plus populaires de ces dix dernières années revient pour un septième album, trois ans après Les bénéfices du doute qui avait subit un acceuil presse mitigés (mais démentis par un succès populaire). Celui ci parviendra-t-il a mettre tout le monde d'accord ? Pas sur pour Chamau qui en fait la chronique.





Le nouveau Bénabar est arrivé et il est Inspiré de faits réels. Entre humour et gravité avec des chansons toujours portés sur les petites choses de la vie ce septième album reprend les grands traceurs de l'identité artistique du chanteur. Comme souvent Benabar nous livre un disque très dense qui se relève dur à juger.

« J'étais super naze/ Grosse semaine de boulot/ Je me sentais d'occase besoin de repos/ Faut être raisonnable pour faire des vieux os/ Intraitable savoir se coucher tôt/ J'ai dit les gars sans moi, je rentre j'ai de la route/ Non n'insistez pas, bon d'accord 5 minutes/ J'aurais dû me douter que c'était qu'un début/ Les meilleures soirées ne sont jamais prévues/ Paris by night/ Au hasard de la nuit qui nous prend par la main et nous laisse au matin/ Paris by night/ Ce qui me réjouit c'est qu'on regrettera demain que ce dont on se souvient » Paris by Night – Inspiré de faits réels – Bénabar

Il faut dire qu'Inspiré de faits réels m'a laissé plus que circonspect tant je sens que la corde s'use inexorablement. Bénabar semble perdre peu à peu cette fraîcheur qui m'avait tant charmé dans ces quatre premiers opus. Un manque de renouveau et surtout de finesse se fait sentir. Les chansons-gags s'étire péniblement jusqu'à la chute comme Coming'in, évoquant le changement de bord d'un homosexuel, qui ne parvient qu'a nous esquisser qu'un maigre sourire tant elle est dans la facilité... Paris by Night n'apporte rien de plus à la très longue série des chansons portés sur les soirées alcoolisées. Tout manque de fulgurance, les flèches que le chanteur décoche sont trop émoussés et cela se sent. Benabar ne nous épargne rien de ce qui est déjà agaçant et éculé : les chansons-catalogues (Les couleurs), la fausse chanson en anglais qui accentue bien sur le ridicule de son accent (Remember Paris) les faits de sociétés, enfin, dont l'approche frôle souvent le caricatural. Benabar semble s'assumer entièrement quitte à donner le bâton pour se faire battre.


« Je cherche un appart dans le coin/ Pour me rapprocher de Titouan/ C’est au-dessus de mes moyens/ Mais, pour l’instant, j’ai trois changements/ Ça va, nos rapports s’apaisent/ On se reparle avec Muriel/ Je l’ai encore un peu mauvaise/ C’est naturel/ Ça oui, je crois bien qu’c’est fini/ Ça non, j’ai plus beaucoup de doutes/ Depuis le jour où elle m’a dit :/ « Je te quitte, j’en aime un autre »/ Ajoutant : « J’veux plus te voir »/ J’ai procédé par déduction/ Je crois qu’elle voulait qu’on se sépare/ Appelle-ça une intuition/ Titouan, rends-lui son ballon !/ » Titouan – Inspiré de faits réels – Bénabar

Mais là ou le chanteur nous déroute, c'est qu'il est capable aussi du meilleur et sans se forcer semble-t-il. Parce qu'entre deux coquilles vides l'on déniche parfois de vrais petites perles. Beaucoup penseront à Titouan, titre tout en retenu sur la vie d'un père divorcé ou Bénabar fait mouche comme il savait si bien le faire jadis , Les deux chiens qui, bien que sa chute soi très attendus, a un minimaliste plaisant et des mots qui sonnent juste. Mais la surprise du disque vient évidemment de La Foret, chanson quasi-psychanalytique, étrange et relativement anxiogène qui est vraiment un morceau très singulier dans la discographie de Bénabar et pour ma part la grande réussite du disque (il m'a fait fortement penser a un titre que l'on pourrait retrouver dans l'Amour Fou de François Hardy).

« Je faisais ce rêve, enfant/ Je m’éloignais de la clairière/ Pénétrais ce bois devant/ Plus j’avançais moins j’y voyais clair Je m’égarais seul dans le noir/ M’enfonçant je devinais/ Le rêve avait viré au cauchemar/ Puis ce que personne, personne/ Ne me cherchais/ Dans cette forêt j’y suis encore/ De cette forêt est-ce qu’on en sort ?/ Guet-apens sombre végétale/ Obscure et verte cathédral/ Écrasante et sale/ Dans cette forêt il y a les gens/ Qui progressent comme moi difficilement/ Dans ce tricot de branches savantes/ De ronces, de racines rampantes/ Si menaçantes, si menaçantes » La foret – Inspiré de faits réels – Bénabar

Pour résumer j'aimerais mettre en relief les propos de l'artiste sur les journalistes d'une certaine presse et « L'intelligsta du bon gout » qui est presque devenu chez lui un argument commercial... La question n'est pas de savoir s'il y a musique élitiste ou chanson populaire, une bande de bobos contre les gens du peuple. La question est de savoir ou en est Benabar au niveau de l'inspiration. Où est le chanteur qui était capable de nous faire pleurer sur Je suis de Celle, titre courageux et d'une pertinence rare ? Où est le chanteur qui parvenait a parler de l'enfance avec une tendresse et une mélancolie aussi singulière que dans Le Vélo (qui reste une de mes chansons préférées) ou dans Quatre murs et un toit ? Qui faisait penser que Renaud avait peut-être trouvé un successeur ? Il est trop facile de taper sur le média (condescendant, il est vrai) plutôt que remettre en question sa propre capacité à faire des chansons. On ne peut pas accuser Telerama et co. de méprisé la musique populaire et sortir Politiquement correct en même temps ! Alors revenez-nous Bénabar, plus inspiré et plus apaisé, revenez avec l'humour et la sensibilité qu'on avait aimés sur vos premiers disques, forcez votre talent !

Chamau

4/10

Nous ne sommes ni des donneurs de leçon, ni le glaive infaillible du bon goût, il ne s'agit là que d'un avis subjectif. Nous avons tous une vision de la musique différente, avec des gouts et des priorités différentes. N'hésitez pas à laisser des commentaires afin d'enrichir le débat, toute critique est bonne à prendre ! 

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