vendredi 20 juin 2014

Les billets d'humeurs d’Éric : La critique de « Non mais t'a vu ce que t'écoute ? » de Linksthesun !

Les billets d'humeurs d’Éric : La critique de « Non mais t'as vu ce que t'écoutes ? » de Linksthesun.
Déjà, quatre chroniques pour le canard le plus désagréable de France... Aujourd'hui, il souhaitait parler de « Non mais t'as vu ce que t'écoutes ? » une série de vidéos de critique musicale dont il n'aime pas l'approche...








Oyé amis mélomanes ! La critique musicale revêt plusieurs formes et différent format : sur papier (dans Télérama sous la plume de Valerie Lehoux par exemple), en audio (avec des émissions telles que les Sonnos Tonnent ou Érudit Doudam sur France inter) et parfois même en vidéo (Christophe Conte démonte le son)... C'est ce dernier format qui nous intéresse.
La critique vidéo est à l'heure actuelle la plus facile d'approche. Car si l'écrit occupe nos yeux et la radio, nos oreilles, la vidéo, elle, exploite nos deux sens ce qui fait qu'on est beaucoup plus capté, moins dissipé... Mais c'est aussi et surtout parce que la vidéo permet de rendre une critique beaucoup plus ludique à l'aide de sketchs et d'effet visuel qui tend le sujet vers un aspect récréatif quand la critique écrite, elle apparaît trop intellectualisée et donc un peu froide (tant pis pour nous).


Passons donc à l'objet de ce billet d'humeur, la série de vidéos de LinksTheSun (un des tauliers francophones d'Youtube) « Non mais t'a vus ce que t'écoutes » qui a pour but de « se pencher sur les textes des chansons du Top 50 »... Linksthesun va donc décortiquer phrase par phrase, une chanson, mettant en relief ses paradoxes, ses inélégances, ses fautes de langue, son propos chancelant... Si souvent ses analyses se révèlent justes cette approche de la musique trouve rapidement ces limites et pire passe peut être à côté de quelque chose d'essentiel (chose sur laquelle nous reviendrons tantôt)


Étudions, ensemble, la construction d'une vidéo de LinksTheSun...



J'ai choisi de prendre pour exemple sa vidéo sur le Bella de Maitre Gims, car nous avions en commun de ne pas aimer particulièrement cette chanson (c'est peu dire) ainsi, on ne m'accusera pas de subjectivité (comme on aurait pu le faire si j'avais choisi Formidable de Stromae). Rentrons dans le vif du sujet : LinkstheSun va faire l'analyse linéaire de la chanson du rappeur ... On est dans une approche scolaire qui n'est pas sans rappeler les explications de texte que nous étions obligés, pour certain, de faire en littérature.

Cette méthode permet une limpidité et une bonne vulgarisation de la chanson, car nous somme au plus près du texte. On assiste donc à un dissection de cet objet difforme ou tout est passé au crible... La moindre petite maladresse syntaxique est relevée ce qui donne parfois l'impression que LinksTheSun cherche la petite bête... Et à avoir un compas dans l'œil l'analyse manque de distance et de vue d'ensemble. Ainsi trop occuper ( à 06:21) a relever l'absence de rime dans « Une beauté sans pareille/ Tout le monde veut s'en emparer » il ne relève pas qu'ici le but de cette strophe était de faire un clin d'œil a la quasi-consonance de pareille et s'emparer (chose qui est quand même plus intéressant qu'une rime un peu faible). À imaginer le règlement de comptes, il n'y a qu'un pas...


Le manque de considération qui est faite à la chanson fait aussi qu'il y a une erreur de compréhension : comme LinksTheSun imagine avoir affaire à une chanson commerciale donc forcement romantique il tilte sur les phrases un peu « cavalières » de Gims qui lui semble en inadéquation avec le propos de base... Hors il ne s'agit pas une chanson d'amour, mais d'une chanson sur le désir... Maitre Gims tourne autour de cette femme sans s'en approcher, la jeune fille est décrite comme une sorte de Carmen qui « mène les hommes en bateau », dansant le soir... Aussi, il n'y a rien d'étonnant à l'entendre dire « j'aimerais être la chaise sur laquelle elle s'assoie »

Rime pauvre (ou absence de rime), phrases mal construite... En effet critiquer Maitre Gims (qui a le succès pour lui) est facile, mais il ne faut pas oublier que l'on peut aussi faire ce procès aux plus grands de la chanson française... Prenons deux de mes chansons préférés

« Au pays des matins calmes/ Pas un bruit ne sourd/ Rien ne transpire ses ardeurs/ J'aimais quand je t'aimais/ J'aimais quand je t'observais J'étais d'attaque/ J'sais plus qui tu es/ Qui a commencé/ Quelle est la mission/ Soldat sans joie va déguerpis/ L'amour t'a faussé compagnie » (Bashung/ Fantasie militaire : Elles sont ou les rimes et puis « j'aimais quand je t'aimais » ce n'est pas un peu répétitif ?

« Dire que Fernand est mort dire qu'il est mort Fernand, dire que je suis seul derrière, dire qu'il est seul devant » (Brel/ Fernand) : eh ben dis donc Brel, tu ne te casses pas le cul...

En parlant de Brel justement, LinksTheSun a la fin de la vidéo est à deux doigts de la syncope sur la phrase du rappeur qui fait référence à la fameuse chanson du grand Jacques « L'ombre de ton iench »... Je vais prendre des énormes pincettes, mais... Il faut reconnaître... Que... La chanson de Maitre Gims est un peu dans la « Même-Thé-ma-tique-que-Ne-Me-Quitte-Pas-de-Brel-non ? » ... Avant que vous vous étouffiez dans votre salive, je m'explique... Dans ses deux chansons, la place de l'homme par rapport a la femme est le même, Gims et Brel (ça me fait bizarre de les mettre dans la même phrase si vous saviez) sont dans le même désespoir, ils sont près a tomber plus bas que terre pour la femme désirée : Gims aimerait être « juste une pierre sur son chemin » quand Brel voudrait être « l'ombre de (son) chien »... Il s'agit d'un clin d'œil qu'on peut diversement apprécier, mais qui n'est pas gratuit et pas injustifiable...

Pour continuer sur le rapprochement Brel/Gims (car je suis vraiment masochiste) dire comme le fait LinksTheSun dans sa chronique que Bella est une chanson machiste me fait plutôt sourire, car quand on écoute une grande partie des chansons de Brel ont à des propos tout aussi condamnable : la vision du chanteur dans Aux suivants qui explique qu'il y a toujours un suivant dans le lit d'une femme, ou quand il dit« Que les femmes toujours ne ressemble qu'aux femmes, et d'entre elles les connes ne ressemblent qu'aux connes » dans La ville s'endormait me semble aussi macho que chez un Gims... Au même titre trouver que Stromae est dans la facilité sur Formidable (dans une autre chronique) parce qu'il peut se permettre de faire des fautes de langue sous prétexte qu'il est saoul c'est encore une fois oublier que Nougaro (Je suis sous) et Brel (la bourrée du célibataire) avec son fameux « La fille que j'aimera » faisait la même chose et n'avait pas de tel critique dresser contre eux. Est-ce que ça veut dire que ces artistes de légende n'étaient pas géniaux ? Non cela veut juste dire que Linksthesun comme l'ensemble de la critique en général manque souvent de recul et ne laisse rien passer à certains artistes sous prétexte qu'ils sont actuels, ne pensant pas qu'il y a une démarche derrière la maladresse.

Mais la véritable erreur, c'est que cette étude de parole fait que l'on passe complètement à côté d'une chanson qui jamais ne devrait se résumer à un texte... On n'écoute pas Maitre Gims pour la profondeur de ce qu'il écrit, on l'écoute pour la mélodie qui est accrocheuse et par le débit du rappeur qui donne beaucoup d'énergie. De la même manière Formidable de Stromae n'est pas excellente par sa complexité textuelle, elle vaut le coup par son interprétation et par son intention... On peut écouter une chanson pour différente raison, pour sa musique, son ambiance, à cause de la voix du chanteur parfois même parce qu'elle nous évoque un bon moment, une soirée entres amis, nos vacances, etc. Ne résumer l'intérêt d'une chanson uniquement par le texte fait que l'on effleure a peine l'essence même de la musique, un morceau réussis n'est pas un morceau qui a rempli le cahier des charges... D'ailleurs aucun artiste n'est parvenu vraiment à sublimer tout les facettes de ce qu'est la musique... On n'écoute pas Brassens pour ses arrangements (qui se résume aux trois même accord) de la même façon qu'on n'écoute pas Gainsbourg pour sa voix...


Au final « Non mais t'as vu ce que t'écoutes ? » de LinksTheSun résume un peu ce qui fait que la critique musicale en France n'est pas complètement aboutie... Ainsi, on a tendance à porter aux nus des artistes pour la simple et bonne raison qu'ils ont des textes magnifiques sans qu'ils aient le moindre talent d'interprétation ou de composition (je ne dirai pas de nom...) lorsque d'autre qui savent faire des tubes, des chansons qui rentrent dans la tête ou même simplement des artistes qui cherchent à donner le meilleur d'eux même dans d'autre secteur que l'écriture (comme Sebastien Tellier qui malgré des mélodies magnifiques a toujours été conspué dans le milieu de la presse spécialisé) restent dans l'ombre... Non écrire un bon texte n'est pas une fin en soi... Alors LinksTheSun à quand une analyse plus globale des chansons du Top 50 ? (Et aussi un point culture sur les différents Captain Hook si tu aimes Captain Hook... Sinon tant pis)...

Voilà, c'est ici que l'on se quitte bon courage pour la fin des examens et surtout... Bonjour, bonsoir a tous !


Voici le lien de la chaine de LinksTheSun ;) http://www.youtube.com/channel/UCfXXAQ-mp1uUcvSpvMcAAtw?&channel=LinksTheSun

2 commentaires:

  1. Hello,
    Alors je vais surement me faire l'avocat du diable, mais je te trouve sévère avec Links. Soit, il n'a pas tellement de recul et de vue d'ensemble, mais pour moi, c'est la base de NMT. De dire concrètement ce que l'on entend dans les chansons, sans se cacher sous du "ouai, mais quand on regarde l'ensemble ca passeé. Je suis loin d'etre une fan de Gims, en plus, et je trouve qu'entre Gims et Brel, y'a quand meme un monde. Surtout pour les deux chansons qui sont évoquée. Dans Bella, c'est de l'attirance physique pour une femme qui, disons le, n'en a rien à battre du protagoniste. Dans Brel, c'est de le désespoir d'un homme qui perd la femme avec qui il a vécu quelque chose, une histoire. Comme le dit Links d'ailleurs, Gims n'est rien dans la vie de Bella, ca n'a donc aucun sens de vouloir se rabaisser pour etre dans sa vie, alors que pour Brel, nous avons tous vécu cette sensation où l'on supplie l'autre d'avoir une place dans sa vie, meme une place infime. Mais c'est un détail.

    En ce qui concerne Brassens, en revanche, je pousse une forte gueulante. Trois accords? Tu as déjà essayé de jouer du Brassens sur une guitare? Mon frère étant guitariste (et meme plutot un bon, mais ca tu n'as que mon message et aucune preuve, donc on s'en fout un peu), il galère énormément à jouer du Brassens.

    Et même si on écoute pas Gims pour la profondeur de ses paroles, on a le droit de s'offusquer quand même de voir que c'est toujours de la merde au Top 50, alors que certains artistes (aller, Stromae pourquoi pas, même si je suis pas fan du tout) pourraient l'etre bien plus souvent que des pseudos-chanteurs qui composent pour le fric en se basant sur un seul public. Pour moi ce ne sont pas des artistes, mais des buissnessmen. Dans le sens ou, oui, ils ont effectivement compris comment fonctionne le système, et l'utilisent avec brio. De ce coté, je n'ai pas grand chose à leur reprocher.

    Ecrire un bon texte n'est pas une fin en soi, mais je préfère mille fois un bon texte qui me parle et une mélodie passable, plutot qu'une mélodie entrainante avec un texte creux au possible

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  2. Alors pour Brassens : mea culpa... La phrase de mon article portait peut-être à confusion... Je voulais dire que dans l'ensemble de ses chansons, il y avait toujours certaines suites d'accords qui revenaient de manière récurrente (je ne voulais pas dire qu'il y avait uniquement trois accords)... On peut reconnaitre que la structure mélodique de Brassens est toujours sur le même schéma ( tout en reconnaissant le génie de l'écriture de Brassens)

    On est bien d'accord que Brel et Maitre Gims ne sont pas très proche mais il ne faut pas non plus exagerer... il ne s'agit que d'un petit clin d'œil de la part de Gims et j'ai trouvé l'offuscation (c'est moche comme mot) de Links assez caricaturale et conformiste...

    Concernant les reproches que tu fais au Top 50, on est d'accord : c'est moyen-moins... Mais si tu lis un autre de mes articles "Pourquoi la musique n'était pas mieux avant" tu reconnaitrais que ce classement n'a jamais été à la hauteur... Et ce n'est pas pour autant qu'il n'y a (et qu'il n'y avait) pas de choses superbes derrière...
    Je suis moi-même un grand amateur de chansons à texte cela dit il y a peut-être plus de gens qui apprécie une bonne mélodie qu'un truc bien écrit et c'est finalement assez logique... Un texte, ça doit rentrer dans ton cerveau avant d'atteindre ton cœur alors qu'un bon son ça passe tout de suite-là où il faut... Faut juste un peu plus de patiences (chose dont les auditeurs manquent la plupart du temps et c'est bien dommage). La musique ça peut nourrir votre esprit mais cela peut etre aussi fait pour vous donnez de la joie et je pense que les gens qui écoutent Gims passe un bon moment et qu'il n'ont pas la prétention d'imaginer que c'est du Mozart.

    Enfin je n'ai rien contre Links, j'apprécie la plupart de ces chroniques et trouve en lui quelqu'un de passionné de musique ce qui n'est pas si courant. Je vous remercie en tout cas pour ton commentaire très détaillé et argumenté, ça fait plaisir de débattre avec quelqu'un comme vous. Bonne soirée :)

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