lundi 30 juin 2014

Du ciment sous la plaine de Noir Désir : Et sous le ciment : le ciel !

Du ciment sous les plaines de Noir Désir : Et sous le ciment : le ciel !
Nardaan nous revient avec un album culte du grand Noir Désir : Du ciment sous les plaines... Un chef d'oeuvre intemporel selon lui... 






Nardaan


Noir Désir est un groupe que j’ai, honteusement, connu très tard. Bien sûr j’avais en tête les quelques tubes qu’ils avaient faits : Le vent nous portera, L’homme pressé, Aux sombres héros de l’amer ; mais rien ne me transcendait vraiment. Pourtant, lors d’une séance solitaire d’écoute de leurs albums, je suis tombé sur un qui m’a réellement transporté : Du Ciment sous les plaines, sorti en 1991.

J’avais en fait commencé l’expérience par Tostaky, qui m’avait fait comprendre pourquoi Noir Désir pouvait être considéré comme l’un des meilleurs groupes français ; mais je trouvais quelques musiques fades et sans intérêt. Ne m’attendant à rien d’un album dont je n’avais jamais entendu parler –et dont personne dans mon entourage ne connaissait en fait l’existence-, j’ai juste été … bouleversé.

« Son ombre glisse et sa semelle claque / Charlie caresse le trottoir/ Il n'a que les os, l'esprit et la peau/ Charlie va danser ce soir Allez Charlie tiens-toi droit C'que c'est beau Quand elle coule La rivière de sang chaud/ Là ils se tiennent au fond/ Le temps et le son/ Pour la vie, sweet little blues/ Accroche-toi aux plis/ De la mélodie/ Qui ne sait pas qui elle suit » Charlie – Du ciment sous la plaine – Noir Désir

Du ciment sous les plaines est une perle, un diamant, une merveille à qui on devrait bâtir un autel gigantesque. La chanson s’ouvre sur un No No No qui remplit son rôle parfaitement : commencer cet album. On sent (à l’instar de Here it comes slowly) que c’était sa fonction première, celle pour laquelle elle a été créée, et pas juste une chanson qu’on fout comme ça parce que faut bien commencer par quelque chose. Entièrement en anglais (ou presque –j’ai mis deux/trois écoutes à me rendre compte qu’il y avait bien de courts passages en anglais-), elle est profonde, sublime et déjà envoûtante.
Puis vient En Route pour la Joie. Peut-être –à force d’écoute- moins forte que les autres, c’est peut-être la musique la plus connue de l’album, ; et sur laquelle je n’ai rien à dire, car elle est sympa, belle, explosive, mais orgasmique.

« Avec les manières que tu as toujours quand tu t'traines là/ tu m'donnes le mal tu lis sans fin les magazines ou il y'a d'la joie/ tu m'donnes le mal tu m'donnes le mal, oh mal c'est la spirale infernale remonte encore, et encore jusqu'à la fin et jusqu'au bord comme tu as pris soin qu'elle brille de loin ta surface lisse/ tu m'donnes le mal mais reste à voir le soleil noir de ta narcisse/ tu m'donnes la mal » Tu m'donne le mal – Du ciment sous la plaine – Noir Désir

Mais viennnent mes deux chansons préférés de l’album : Charlie et Tu m’donnes le mal. La première pour l’harmonica, l’instrument des vrais guerriers de la musique, et la seconde parce que chaque mot est exactement à sa place et que chaque mouvement de guitares s’emboîtent parfaitement. Mais ne vous y trompez pas, Charlie possède ses grands moments de délinquance auditive ; mais j’aime dans cette musique le calme par lequel elle commence, la violence par laquelle elle finit et, mine de rien, ce qu’elle raconte. Le final des deux musiques se trouvent être dantesque, jouissif et bordel que ça manque à la chanson française des trucs pareils.

En continuant sur cette critique linéaire, il y a Si Rein ne bouge, chanson qui tient parfois sur quelques jeux de mots mais dont les chœurs apportent quelque chose d’assez fou aux premières écoutes. Quelque chose de profond et de puissant, de rythmique et de planant. Puis le retour à l’anglais avec The Holy Economic War, excellente elle aussi, et Tout l’or, dans le même acabit (bien qu’il y ait moins d’emphase, ne croyez pas que je la trouve largement en dessous des précédents, c’est juste que je finirais par me répéter).
Mais voilà celle que je hais viscéralement, car sans elle je pense que l’album aurait pu être un album si proche de la perfection … La Chanson de la main, 8e piste de l’album, est à mon sens celle qui le dessert complètement, car mauvaise –mais vraiment mauvaise-. Lors de ma première écoute, j’ai rapidement compris qu’elle serait celle que je devrais passer sans cesse ou la supprimer. Elle brise l’ambiance violente, elle détruit l’enchaînement de bons textes, elle détruit ce qui était jusqu’ici parfait ; et fait passer quelques minutes de torture musicale (torture, ouais, voilà le mot que je veux).
Pourtant, juste après, voilà Pictures of Yourself, et on retourne au niveau du reste de l’album. Car tout le dernier pan musical n’a pas de défaut (si ce n’est les Oriflammes, dont je peux comprendre l’énervement provoqué peut-être par les étirements de guitare). Elle va où elle veut est quand même pas mal déprimante –car calme et forcément triste, faut bien-. Le Zen Emoi permet enfin la libération d’une destruction musicale totale et juste appréciable.

Mais l’album se finit sur 40 secondes de Hoo Doo, dont le choix m’apparaît parfaitement étrange, et qui ressemble à une version incomplète du Dirty de Tostaky, bien mieux maîtrisée. Quarante secondes que je n’ai pas trouvées géniales, mais c’est pas beaucoup pour le reste de l’album qui est un chef-d’œuvre.

« People say don´t go over there if u don´t want to pay for that stay away from the hoodoo (x2)/ Listen to the big (whisper, whistle,...?) of sound(x2)/ Listen to the big (whisper, whistle,...?) of sound(x2)/ If u don´t want to... Stay away from the hoodoo/ » Hoo Doo – Du ciment sur la plaine – Noir Désir

Après, il se peut que cet album vous déplaise à force d’écoutes (après deux semaines en boucle, j’ai commencé à m’en lasser légérement), mais je pense que si vous voulez connaître une maîtrise totale de la musique française, des arrangements rocks, et la preuve que bordel on peut faire de magnifiques musiques dans la langue de Molière avec des guitares...

Nardann

9/10

Nous ne sommes ni des donneurs de leçon, ni le glaive infaillible du bon goût, il ne s'agit là que d'un avis subjectif. Nous avons tous une vision de la musique différente, avec des gouts et des priorités différentes. N'hésitez pas à laisser des commentaires afin d'enrichir le débat, toute critique est bonne à prendre ! 

4 commentaires:

  1. Merci pour les souvenirs!!! C'est un album que j'ai beaucoup écouté à l'époque... J'ai comme l'impression qu'il est un peu oublié aujourd'hui, pourtant il ne dépareille pas dans la discographie de Noir Désir...

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  2. Et toi merci pour ce commentaire :)
    Cet album est pour moi le meilleur des 4 albums que j'ai jusque ici écoutés

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  3. Monsieur Nardann je ne peux que régir à votre soi disant critique.
    Noir désir c'est plus qu'un groupe de rock c'est LE groupe à ce jour et à mon sens jamais égalé, qui a marqué une génération entière (dont je fais parti) et lire que cette écoute vous lasse au bout de 15 jours alors qu'après 20 ans je suis encore bluffée montre bien à quel point vous n'avez peut -etre pas su apprécier cette musique CULTISSIME à sa juste valeur...

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    1. Je ne saisis pas exactement la critique que vous faîtes à cette critique et à moi. Je réécoute très souvent cet album, et d'autres de Noir Désir, avec le même plaisir -mais oui, à force de l'écouter en boucle pendant 15 jours, j'ai fini par vouloir passer à un autre album.-

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