mercredi 16 juillet 2014

Blonde d'Alizée : Un album décoloré !

Blonde d'Alizée : Un album décoloré !
Omniprésente dans les médias depuis sa victoire dans un célébré jeu télévisé, Alizée sort son sixième album épinglé par la presse. Notre contributeur, Chamau, aura-t-il le même avis ?










Chamau
Voilà presque un mois que le dernier album d'Alizée Blonde est sorti, ce dernier devait la réconcilier avec les charts (après l'accueil timide de ses deux derniers disques). Il faut dire que la chanteuse avait de quoi se nourrir d'espoir : lauréate de la quatrième saison de danse avec les stars, qui a permis de relancer notamment la carrière d'Emmanuel Moire et de M Pokora, elle avait sorti en trombe cet album en espérant faire aussi bien qu'eux. Malheureusement, la sauce ne prit pas malgré le soutien affiché de la première chaîne, le disque se perd désormais dans les tréfonds du classement. On avait senti le naufrage dès le premier extrait. Blonde, une chanson particulièrement ratée : bêtifiante, dégueulant de jeux de mots faciles et assez risibles, rien de bien engageant. À l'écoute du disque, l'on pouvait espérer que ce titre était un pari loupé et que le reste changerait la donne, il n'en fut rien.

« J’annonce la couleur, même si ça vous défrise/ On a toutes un cœurs et (même) de la matière grise/ Vénitiennes ou platines/ Il faut bien faire avec ses racines/ (Oh oh oh)/ Fais tes comptes/ Il y a combien de brunes sous les blondes ?/ Le monde est aux blondes (x3)/ Méfies-toi des blondes décolorées » Blonde – Blonde – Alizée 

En vérité, la plupart des titres se décomposent de la même façon que le premier single, ou la chanteuse donne sa vision de l'amour a coup de métaphores filées très limitées : le combat de boxe (sur K.O), l'aviation (avec Mon Planeur)... Les comparaisons éculées se succèdent avec beaucoup de dynamisme et l'auditeur lui est atomisé par ce procédé qui fleure bon les années 2000... Dans Blonde pas de place pour l'intime ou l'introspection : tout est surfait et foncièrement impersonnel... Un disque sans fard et sans sel qui semble avoir été conçu pour une jeune novice alors qu'Alizée affiche pourtant quatorze années de carrière. Le principal problème est que le manque de temps se fait véritablement sentir. Bâclé en six mois pour surfer sur la victoire d'Alizée, la qualité du disque s'en ressent au niveau de la production, mais aussi aux niveaux des textes et des mélodies. En effet lorsqu'on se penche sur le casting, si on oublie la présence d'Elodie Hesme (qui pollue la variété de ces dix dernières années par son talent), on se retrouve pourtant face à des gens très professionnels ! Lionel Florence (qui a plus d'un tube à son actif) ou Zazie sur le très faible Charles est Stone ont jadis fait beaucoup mieux. Pascal Obispo, sans jugement de valeur, a montré plus d'une fois qu'il était capable d'écrire des titres efficaces, alors pourquoi la chanson Blonde ? À croire qu'il s'agit d'une chute de son dernier disque (ou d'un fond de tiroir). On a comme la fâcheuse impression que les auteurs n'avaient soi pas envie de travaillé avec la chanteuse soi n'en avait pas le temps. Mais le ratage de l'album peut-il se résumer à un manque d'inspiration ou un manque de temps ? Pas uniquement, car le véritable souci, c'est l'invitée mystère qui se cache dans toutes les chansons de cet opus, une invitée qui plombe le disque et le tire vers le bas : Mylène Farmer.


« J'ai juste fais pour nous, un plan de vol/ Qui est pas très compliqué/ On décolle, et on revient jamais/ Non c'est pas loin d'ici/ Le rendez-vous est pris/ Mon baptême de l'air/ Ce sont tes deux bras ouverts/ Pour un bécot, nage en apesanteur/ Tu prends les commandes de mon planeur/ J'garde les yeux ouverts, grands ouverts/ Jamais je n'ai peur/ Tu appuies sur ON et ça dure des heures » Mon planeur – Blonde – Alizée 

C'est bien l'ombre de celle qui a lancé Alizée qui plane derrière la chanteuse. Absente à la production du disque, elle est pourtant omniprésente sur tous les titres. Que ça soi dans l'interprétation de la chanteuse (assez évanescente sur un grand nombre de chansons) ou dans les mélodies et les textes qui semblent calquer sur le style Farmer (notamment sur Alcaline, morceau le plus abouti de l'album)... Tout est imprégné : la chanson K.O nous évoque le clip de Je t'aime mélancolie, les refrains très éthérés de Seulement pour te plaire, jusqu'à Bi chanson contre les préjugés, évident clin d'œil a la communauté homosexuelle (marque de fabrique de Mylène Farmer, proclamer icône gay)... Que de coïncidence ! Tout ça pour arriver jusqu'à la chanson hommage Mylène Farmer plutôt drôle, mais dont l'appel du pied est aussi subtil qu'un coup de marteau sur les doigts. On sent qu'Alizée n'a pas fait le deuil de celle qui l'avait autrefois lancé. L'ex Lolita se rattache tant bien que mal a cet héritage en tentant d'incarner ce qu'elle était sous la bannière Mylène Farmer sans y parvenir... Ce qui est ressenti comme un retour en arrière, car là ou Alizée assumait davantage sa personnalité au travers de la pop esthétique de ses derniers albums sa prestation sur Blonde ressemble davantage à un revival des années Lolita.


« Un rythme, un rif/ Pas grand-chose/ L’entrée d’un gimmick/ Déclic, elle s’impose/ Mon cœur s’accélère/ Mon corps se retient/ Mais la musique fait/ Celle que je deviens/ Une pile alcaline/ De l’adrénaline/ Pour m’échapper belle/ De l’adrénaline/ Une pile qu’on câline/ Pour l’échappée belle/ Loin, plus loin enfin/ Là où là haut, plus rien ne m’atteint (oh, oh)/ S’envoler sans voir la fin » Alcaline – Blonde – Alizée 

Entre des références appuyées à Mylene Farmer et un album très accessible (pour ne pas dire impersonnel) pour tenter de séduire le plus de monde Alizée a peut-être fait une erreur de jugement : les auditeurs étaient prêts à entendre celle qu'elle est aujourd'hui, celle qui était capable de rameuter derrière elle des auteurs comme Jean Fauque ou Oxmo Puccino et qui évoluait dans un univers pop un peu rétro, mais qui lui ressemblait. Ce n'est pas la qualité de ses deux derniers albums qui l'avait desservie dans les charts, c'était le manque de soutien en radio et à la télévision. Avec cette notoriété de nouveau retrouvée la chanteuse avait l'occasion de renouer avec le succès sans se renier... Elle ne l'a pas fait... Arrive donc cet album sans relief et délavé qui ne conviendra à personne... Pas même à la chanteuse ! Tant pis !


3/10

chamau

Nous ne sommes ni des donneurs de leçon, ni le glaive infaillible du bon goût, il ne s'agit là que d'un avis subjectif. Nous avons tous une vision de la musique différente, avec des gouts et des priorités différentes. N'hésitez pas à laisser des commentaires afin d'enrichir le débat, toute critique est bonne à prendre ! 

5 commentaires:

  1. Elle était partie vers une pop un peu plus indépendante je crois bien à un moment, elle aurait du persévérer sur ce chemin, les sirènes du succès ne sont pas toujours un bien....

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  2. Oui c'est ça, elle avait travaillé avec des gens plutôt fins sans pour autant faire de la musique trop expérimentale : Elle avait trouvé le bon équilibre...

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    1. Des albums plus ambitieux que Blonde, mais comme toujours elle était plus marionnette que muse.

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  3. ♥ ♥ ♥ Alizée Jacotey Pour Toujours ♥ ♥ ♥

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