lundi 28 juillet 2014

Les billets d'humeurs d'Eric : Pour en finir avec les préjugés sur le rap

Les billets d'humeurs d'Eric : Pour en finir avec les préjugés sur le rap 
Cela faisait longtemps qu'Eric voulait parler d'un genre musical qui lui tenait à cœur : le rap, toujours méprisé par certain... S'en est assez ! 







Oyé, oyé amis mélomanes. Aujourd'hui parlons poésie, parlons idéaux, parlons rap... Oui parlons Rap. Car il serait en effet temps de remettre ce courant musical apparu début 90 à la place qu'il mérite. On a trop souvent entendu les élites du bon goût (Natacha Polony et consort) le dénigré, trop d'Éric Zemmour lui cracher à la figure... Jusqu'à Laurent Gerra, bel imitateur mais piètre comique qu'on a vu piaffer sur Les Raisons de la colère d'IAM (pourtant éminemment plus profonde que n'importe lequel des textes que cet humoriste serait capable de pondre). Vous l'aurez compris ce billet d'humeur aura pour but de lutter contre les préjugés que monsieur et madame Toutlemonde pourrait avoir sur le rap.


                                            Voici la vidéo de Gerra dont il était question

Voici les commentaires récurrents qu'on peut entendre sur ce courant musical et que nous tacherons de contre-argumenter


  • Le rap est vulgaire
  • Le rap est misogyne
  • Le rap est stupide

    La vulgarité

    Le rap est un moyen d'expression dans la musique qui se rapproche du langage parlé, qui parle du quotidien. Il n'est donc pas anormal que le lexique employé soi proche du populaire. Surtout que le rap est souvent le moyen d'exprimer une souffrance, une colère. La spontanéité de l'écriture dans le rap fait qu'on en vient souvent a avoir des textes assez cru, peu retouché pour conserver sa force motrice : l'utilisation de l'argot, les néologismes (le fameux « paro » utilisé par Kery James notamment) et la brutalité de certaines métaphores sont des principes que n'aurait pas renier Louis-Ferdinand Céline, alors pourquoi tant de mépris ? Peut-on écouter Eh Connard de Keny Arkana est considéré qu'elle tombe dans la facilité ? Sans doute pas ! Surtout que ce n'est pas inhérent au genre : un rappeur comme Oxmo Puccino emploie des tournures relativement élégantes (Et pas uniquement dans les albums où il s'éloigne du rap traditionnel : écouter L'enfant seul)

  • La misogynie

    Le français moyen a du être marqué par Ma Benz de NTM ou des nanas en petites tenues tournaient autour de gros cylindres, car depuis cette image est resté (fortement nourri par le rap U.S). Mais ce  n'est pas une réalité ! Le rap comme n'importe quel courant musical peut parler de désir de manière plus ou moins subtil (Être une femme de Sardou est particulièrement misogyne, il n'est pourtant pas rappeur) mais il ne faut pas généralisé ou le prendre au premier degré : quand Orelsan écrit des pamphlets qui égratigne la gente féminine (Sale Pute, Double Vie) c'est surtout pour mieux dénoncer la médiocrité masculine.. Mâle qui n'est guidé que par sa queue (comment l'expliquer autrement)... Il ne faut pas non plus oublier que le rap fait ce que ne fait plus la chanson française actuelle : raconté des histoires, faire des scénarios, créer des personnages... il ne faut pas oublier que ce que dit le personnage n'est pas nécessairement la pensée profonde d'un artiste (sinon Brel aurait écrit une pure chanson misogyne avec Au Suivant)... Surtout que des chansons plus délicates existent dans le rap comme la chanson Caroline de Mc Solaar qui est devenu un classique.

  • La stupidité                                                                                                                                                                                                                                                                                     Mettre en doute la profondeur des textes de certains rappeurs n'est pas loin d'une sorte de racisme. Ils sont jeunes, ils viennent souvent de milieux défavorisés, ont vécu parfois en bande : ces arguments sont suffisants chez le français moyen pour imaginer que les rappeurs n'ont rien a dire, rien n'est plus loin de la vérité. Alors que la chanson française n'a plus rien a dire et que le Rock devient de plus en plus convenu le rap est le dernier genre musical en France qui met les pieds dans le plat... S'il peut parler bien évidemment des cités (comme sur le monumental Demain c'est loin tout en anadiplose de IAM), de la pauvreté, de la violence les problématiques sociétales sont bien plus profondes que dans la chanson populaire. Oxmo Puccino à la question du temps qui passe comme Leitmotiv alors qu'Youssoupha parle énormément de la paternité sur son dernier disque (l'album Noir Désir que je conseille vivement) : le rap a une multitude de problématiques ! Il ne faut pas oublier qu'il est un courant musical jeune, et qu'un artiste doit souvent faire des expériences pour affiner son écriture... Le temps passe et les rappeurs des années 90 se nourrissent de nouvelles expériences qui viennent enrichir leurs textes, quand les jeunes poussent eux sont encore plus ouverts à la culture qui les acceptent un peu plus, tout ça va donner et donne déjà de très belles choses...

  • Le Rap est un mouvement essentiel. Pourquoi ? Parce que c'est le dernier mouvement auquel s'opposent encore les médias et une certaine frange de population, preuve que cet art dérange et bouscule comme le rock de Presley avant lui. Certes bon nombre d'artiste-rap peuvent être futile et vulgaire et c'est parfois (souvent) ceux que l'on montre à la télé, mais c'est inhérent à notre époque et c'est valable pour tous les genres musicaux (on préférera diffuser le rap en pochette-surprise de Black M aux textes profonds d'une Keny Arkana)... La médiocrité est partout que ça soit dans le rock, ou la chanson française et il n'est pas normal qu'il n'y soit que le rap qui en fasse les fraies.

    Le rap est le dernier courant qui lie la chanson et le poème : c'est une écriture qui comme la poésie parle de la société, est truffé de figure de style... Ou la façon dont le mot sonne est presque aussi important que le propos qui est derrière. Le rap est une performance, un exercice articulé et précis (il faut écoute le Rap God d'Eminem pour s'en rendre compte), qui n'a pas à rougir des performances vocales d'autres artistes, cela demande une puissance d'interprétation. Le rap, enfin, c'est le dernier courant musical qui se mouille qui parle des choses qui dérange, qui en parle autrement, qui conserve la rage que le rock a perdu, le réalisme que la chanson française évite désormais... C'est une pensée pour les oubliés, ceux a qui la musique ne parle pas et qui se sentent moins seul désormais. C'est sur ce ton impérieux que moi l'humble canard francophone, je vous souhaite de bonnes vacances en vous proposant une petite playlist pour vous initiez (sans trop de violences, j'ai choisi des chansons softs) à l'univers du rap. Au revoir (comme dirai Giscard) ! 
https://www.youtube.com/watch?v=aflhgqTELP0&list=PLLK_C7358VMdcW15Jwe674mqL1KgUcqGU


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