Recto-Verso de Zaz : Ira-t-on l'écouter ?

Recto-Verso de Zaz : Ira-t-on l'écouter ?
Notre brave Cyclamen aura longtemps hésité avant de se pencher sur le cas Zaz, dont elle décortique le deuxième album. Voici sa conclusion.

Cyclamen

Propulsée en tête des ventes en 2010 avec son premier album éponyme, Zaz a su se distinguer par une voix peu commune de chanteuse réaliste et par sa dégaine bien loin des stéréotypes de la variété.

Après ce premier disque qui nous avait laissés un peu sur notre faim, malgré quelques morceaux efficaces, Zaz nous revient avec un deuxième opus: « Recto verso » avec notamment des textes de Jean-Jacques Goldman, Mickaël Furnon et Kerredine Soltani à qui l'on doit le single: « On ira » (et qui avait aussi signé le tube « je veux » sur son premier album)

« On ira/ Écouter Harlem au coin de Manhattan/On ira Rougir le thé dans les souks à Amman/ On ira Nager dans le lit du fleuve Sénégal/ Et on verra brûler Bombay sous un feu de Bengale./ On ira Gratter le ciel en dessous de Kyoto/ On ira Sentir Rio battre au coeur de Janeiro/ On lèvera/ Les yeux sur le plafond de la chapelle Sixtine/ Et on lèvera nos verres dans le café Pouchkine. » On ira – Recto-Verso – Zaz

C'est justement par cette chanson que débute l'album, chanson où l'artiste nous expose brièvement ses aspirations et son idéal.
Malheureusement par « aspirations » j'entends le même message caricatural et bien pensant sur la liberté et les merveilles du monde (enfin si on peut le dire vu que l'un de ces objectifs est d'aller boire un verre au « café Pouchkine »: lieu incontournable et bourgeois du 9eme arrondissement de Paris)... Au final une falsh copie de « Je veux » avec le même égocentrisme masqué: « vous êtes milles pages et moi je suis la plume » étonnant! Quand on voit à quel point elle a du mal à écrire ses textes.

« Soulève, soulève-toi/Au-dessus des toits, des ardoises/ Soulève, relève-toi/ On s'enlise ici dans la vase / Nous debout, debout/ Même les pieds dans la boue/ On voit les étoiles jusqu’au bout/ Nous debout, debout/ Même les pieds dans la boue/ Elles se dévoilent jusqu'à qu’à nous /Nous debout, debout/ Même les pieds dans la boue, on voit les étoiles jusqu’au bout... » Nous debout – Recto-Verso – Zaz

Le problème est que pour un deuxième album on s'attendait quand même à une évolution et on se retrouve avec les même faiblesses que sur le premier, avec des textes faibles et une interprétation toujours aussi approximative. Je prends en exemple la chanson « Si » censée nous émouvoir et qui malgré de grands effets « trémolo » nous laisse froid, (J.J. Goldman ou pas). On peut noter également un problème d'élocution toujours récurrent... La première politesse d'un interprète étant de se faire comprendre, il nous est quand même insupportable de tendre l'oreille surtout pour au final entendre des textes pas aboutis.

« Si j'étais l'amie du bon Dieu/ Si je connaissais les prières/ Si j'avais le sang bleu/ Le don d'effacer et tout refaire/ Si j'étais reine ou magicienne, princesse, fée, grand capitaine, d'un noble régiment/ Si j'avais les pas d'un géant/ Je mettrais du ciel en misère/ Toutes les larmes en rivière/ Et fleurirais des sables où filent même l'espoir/ Je sèmerais des utopies, plier serait interdit/ On ne détournerait plus les regards. » Si – Recto-Verso - Zaz

Mais le pire c'est qu'au bout de 42mn on ne perçoit toujours pas l'identité ou l'univers artistique de la chanteuse, et on passe du Jazz manouche (« Comme si, comme sa ») à la Ballade (« si ») à la Variété avec (« On ira »). Qui est Zaz ? Hormis la chanteuse à la voix chevrotante qui se balade pieds nus? Que défend elle vraiment? Quelle empreinte veut elle laisser?
On ne comprend pas comment rien ne peut transparaître avec un bagage artistique pareil : Comment après avoir chanté dans les rues de Montmartre et partout dans le monde, et enfin après son premier album elle n'a rien à nous raconter. Malgré toute l'image marketing autour d'elle jouant beaucoup sur son caractère rebelle et libérée , elle semble être plutôt la chanteuse docile d'un système la formatant. Cela tient plus de la rebelle en carton qu'un Hexagone de Renaud, d'un J'accuse de Saez ou de n'importe quelle chanson des Béruriers Noir. Il en reste un album avec une bonne production musicale, des arrangements bien ficelés et des mélodies sympathique. On espère que Zaz un jour se réveillera car elle n'est pas dénuée de talent et que son vécu sera enfin en adéquation avec ses chansons.


Cyclamen


4/10


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