lundi 17 mars 2014

Suppléments De Mensonge d'Hubert-Felix Thiéfaine : Album dingue pour artiste (pas) paumé !

Suppléments De Mensonge d'Hubert-Felix Thiéfaine : Album dingue pour artiste (pas) paumé !
Jamais le dernier pour aller à contre-courant, Nardaan se charge du dernier album de son prophète musical : Suppléments De Mensonge, paru il y a trois ans. Le bonheur que lui a procuré ce dernier est-il toujours intact ? 







Nardann
Attention car, dans cette critique, nous allons nous attaquer a un des gros morceaux de la chanson française. Non, pas Brassens. Non, pas Brel … Hubert-Félix Thiéfaine ! Thiéfaine est un chanteur jurassien auteur d'un nombre pas moins impressionnant de 16 albums, dont des perles telles que Dernières Balises avant Mutation ou Chroniques Bluesymentales.
En 1978, une des chanson issu de son tout premier album (Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir) l'a rendu célèbre : La fille du coupeur de joints, une chanson débridée sur la joie, la drogue … bref sur un bon moment !

Car voilà l'univers de ce franc-comtois : du surréalisme exacerbée sur fond de rock comme il en existe encore trop peu, inspiré par Dylan, les Rolling Stones ou encore les Doors. La plupart de ses chansons jouent sur la forme des mots et de leur composition que sur leur sens réel. On peut le ressentir dans son plus grand succès musical, les Dingues et les Paumés (sur l'album Soleil Cherche Futur) :

"Les Dingues et les Paumés jouent avec leurs manies
Dans leur chambre blindé leurs fleurs sont carnivores
Et quand leur monstre crie trop près de la sortie
Ils accouchent de scorpion et pleurent des mandragores" 
C'est simplement l'amour des mots !

Après un long séjour a l’hôpital et de longs questionnements il est donc revenu en 2011 avec un nouvel album  : Suppléments de mensonge . Le nom de cet album vient d'un passage du Gai Savoir de Nietzsche évoquant ces gens qui sont capables d'inventer le mensonge pour ne pas changer leurs habitudes. Interviewé, Thiéfaine dira qu'il ne voulait pas d'un nouvel album, et que celui-ci n'en serait pas un. C'est son « Suppléments de mensonge »

« Avec nos bidons en fer blanc/ On descendait chercher le lait/A la ferme au soleil couchant/ Dans l’odeur des soirs de juillet/ On avait l’âge des confitures/ Des billes et des îles au trésor/ Et l’on allait cueillir les mûres / En bas dans la ruelle des morts » La ruelle des morts – Suppléments de mensonge – Hubert-Felix Thiefaine

La première chanson nous fait entrer dans cet album par une lueur de nostalgie. La Ruelle des Morts, une ode à l'enfance, à l'âge des confitures. Ce titre nous laisse planer dans un océan d'images naïves et tranquilles sans jamais être passéiste, et l'on arbore tour à tour les fantaisies de l'imagination d'enfants puis de leurs malices post-adolescentes. Intriguant laïus qui reste marqué par une voix grave et doucereuse.

« Annabel Lee, pas un seul cheveux blanc n'a poussé sur mes rêves/Annabel Lee, au roman des amants je feuillette tes lèvres/ Annabel Lee j'ai dans mes récepteurs le parfum de ta voix/ Annabel Lee je te connais par cœur sur le bout de mes doigts » Trois poemes pour Annabel Lee - Suppléments de Mensonge – Hubert-Félix Thiefaine

La suite de l'album nous plonge dans une palette incroyable de puissance sonore. Alors que Trois Poèmes pour Annabel Lee nous transporte à travers une poésie sublime et rare (Annabel Lee étant le dernier poème qu'a écrit Edgar Allan Poe) , Petit Matin 4h10 Heure d'Été nous mène dans un océan débauché de tristesse où Thiéfaine parle de ses périodes suicidaires (« Si partir c'est mourir un peu, j'ai passé ma vie à partir »), sans aucun doute le plus beau morceau de l'album.

« Le temps passe si lentement/ Et je me sens si fatigué/ Le silence des morts est violent/ Quand il m'arrache à mes pensées/ Je rêve de ces ténèbres froides/ Électriques et majestueuses/ Où les dandy se tiennent roides/ Loin de leurs pulsions périlleuses / Je rêve tellement d'avoir été/ Que je vais finir par tomber » 4h10 heure d'été – Supplement de mensonge – Hubert-Felix Thiefaine

Malgré un ensemble très bon, quelques titres sont un peu plus faible que les autres : on peut citer Compartiment C voiture 293 Edward Hopper 1938 (dans laquelle Thiefaine poétise sur le tableau du célèbre peintre américain) beaucoup trop longue et qui tourne malheureusement en rond. Idem pour Quebec November Hotel, trop différente du reste de l'album avec une écriture un peu trop … maladroites (sombrant un peu dans sa propre caricature). On décroche donc un brin sur la fin de l'album mais la plupart des titres sont tellement sublimes qu'il vaut largement le détour. Suppléments de mensonge reste tout de même l'un des tout meilleurs Thiéfaine, faisant suite a une série d'albums plutôt moyen (Défloration 13Scandale Mélancolique) ; qui devrait combler les puristes et donner envie aux autres de plonger dans l'univers d'un artiste si singulier.

Nardaan


8/10

Nous ne sommes ni des donneurs de leçon, ni le glaive infaillible du bon goût, il ne s'agit là que d'un avis subjectif. Nous avons tous une vision de la musique différente, avec des gouts et des priorités différentes. N'hésitez pas à laisser des commentaires afin d'enrichir le débat, toute critique est bonne à prendre ! 

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