mercredi 16 avril 2014

Les billets d'humeurs d'Éric : NON ! Les albums de reprises ne marchent pas !

Les billets d'humeurs d'Éric : NON ! Les albums de reprises ne marchent pas !
Le charmant canard Eric Mc Jambo, mascotte officielle du P.A.M, obtient enfin sa rubrique : Les billets d'humeurs d'Eric ! Ce mercredi il s'attaque à une tendance qui l'insupporte, les albums de reprises...







Oyé, Oyé amis mélomanes ! Aujourd'hui, nous allons parler d'un phénomène tout à fait navrant qui n'a cessé de se rependre ses dernières années : les albums de reprise !
Jenifer chantant France Gall, M. Pokora à la poursuite du bonheur et peut être bientôt Cindy Sanders interprétant les plus grand titres de Serge Gainsbourg (ou pas) nous mangeons de la reprise à toutes les sauces et le resultat se révèle souvent plus avarié qu'autre chose. Mais au delà de cette nouvelle tendance à l'intérêt musicale pas franchement flagrant (bien que certains, nous y reviendrons, arrivent parfois à sortir leurs épingles du jeu ) j'ai surtout envie de démonter une légende tout aussi irritante : le succès commercial des albums de reprises !


Non, non et non ! Les albums de reprises ne sont pas la garantie d'une réussite dans le top 50 ! Non les Français ne sont pas plus motivés à entendre la moindre petite chanteuse tournant en rond mâchouillé le répertoire d'une quelconque légende de la musique pour la recracher mollement ! C'est absolument faux... Ou en tout cas, ce n'est pas la raison principale du succès d'un album... Il y a des facteurs bien précis que nous allons énumérer tantôt...
Les albums de reprises ont marché parce que ...




Ils l'ont joué collectif ! (We Love Disney; Génération Goldman...)

Si le fait de chanter Goldman (qui, s'il était mort, se serait peut-être retourné dans sa tombe) ou les chansons de Walt Disney auront sans doute été des facteurs positifs pour le succès des albums de Génération Goldman ou de We Love Disney,ils n'en sont pas la cause réelle. La voici : Emmanuel Moire, M. Pokora, Amel Bent ou Tal ont deux points en commun : 1) ils ont tous travaillé dans le projet d'hommage à Goldman et 2) ils sont sans aucun doute les artistes les plus populaires de leur génération. Plus vous mettez du monde sur un disque et plus vous avez de possibilité d'attirer les gens. Les reprises n'ont rien à voir la dedans; l'album avait simplement, par la présence de nombreux artistes populaires, un espace commercial plus large. Pour preuve des albums comme le Soldat Rose lui aussi collectif ne contient que des chansons originales et pourtant, ce fut un grand succès !



Ils ont rendu hommage à notre patrimoine (Bretonne de Nolwenn Leroy ; Amen par les prêtres)

Les albums de reprises peuvent également marcher lorsqu'ils rendent hommage à une esthétique, à une communauté qui mettent en valeur notre magnifique pays qu'est la FRANCE (cocorico). L'album de Nolwenn Leroy a marché parce qu'elle rendait hommage à la Bretagne quand les prêtres portent les valeurs catholiques dans leurs albums. Encore une fois cela n'a rien à voir avec les reprises. Pour preuve le succès de deux albums « valeurs tradis », Vivre d'amour avec Gregoire en chef de projet mais aussi d'un certain point de vu O fille de l'eau toujours de Nolwenn Leroy (qui était dans la même veine que Bretonne). Encore une fois cela n'a rien à voir avec les reprises.




L'album est bon ! (Nougaro ou l'espérance de l'homme de Maurane ; Higelin enchante Trenet ; Greco chante Brel )

Il ne faut bien sur pas généraliser. Il y a des albums de reprises qui rencontrent un succès commercial et/ou critique, mais quand cela dépasse un simple contexte de vente. Il faut qu'il y ait une démarche artistique ou bien une légitimité : Quand Nolwenn Leroy, né à Saint-Renan chante des chants traditionnels bretons, elle s'inscrit dans une démarche qui semble sincère, logique. Lorsque Juliette Greco, qui fut l'une des premières à chanter Brel en fait un disque de reprise ou quand Higelin qui est dans une certaine mesure l'héritier de Trenet (dans tout ce qu'il a d'amoureux et de gai) chante ces chansons sur scène le lien se fait. L'auditeur sent qu'il y a une histoire, un contexte, qu'il n'y a pas de gratuité la dedans. Quand l'hommage ou la filiation est évidente, comme quand Maurane reprend les titres de son ami Nougaro, l'album au delà d'un simple pompage navrant revêt alors une dimension personnelle, intime : réorchestration, réinterprétation, émotion. Les disques dans ce cas-là deviennent intéressant, parfois même réussis... Quand l'amalgame entre un artiste et un ancien répertoire se fait, il arrive souvent que le public soit au rendez-vous. Cela tient plus de la qualité d'un disque que des reprises qu'ils contiennent.


Donc, non, Messieurs les Jurés, il n'y a pas d'engouement concernant les albums de reprises. Interrogez-vous sur la réussite commerciale du dernier opus de Jenifer (Ma déclaration) ou de l'album éponyme d'Olympe. Etait-il plus mauvais que ceux de Génération Goldman, certainement pas ? Jenifer était-elle moins capable de vendre que Nolwenn Leroy en 2010 (alors que cette dernière sortait d'un flop colossal qu'était Le chechirs Cat et Moi) ? Non plus. Donc arrêter de nous pourrir les oreilles avec un tel chante un tel pour un oui ou pour un non, car en plus de nuire à la santé des auditeurs vous nuisez aussi aux artistes.




Cela décrédibilise vos artistes ! (Ma déclaration de Jenifer) 

Quand Jenifer chante France Gall, beaucoup reste sceptique : quitte à faire un album de reprises autant lui faire chanter du Corse, elle aurait été dans son élément ! Quel rapport y a t-il entre Jenifer et France Gall, hormis le crêpage de chignon terrible entre les deux protagonistes (Gall accusant la gagnante de la Star Academy de ne pas l'avoir prévenu de son projet de disque) ? En plus de nuire à l'image de la chanteuse cela la décrédibilise absolument : chanter Poupée de Cire, Poupée de son à trente ans quand France Gall l'a chantait à vingt se trouve être assez révélateur d'une carrière qu'elle ne dirige absolument pas, elle va au gré des errances de sa maison de disques tantôt dans la pop, tantôt dans la variété en passant par les reprises. Il serai temps que la poupée de son se brise, qu'elle cesse d'être le hochet de TF1, qu'un jour elle s'assume artistiquement (comme l'ont fait avant elle ses consœurs Frégé et Ruiz) : « Un jour je vivrai mes chansons » dit les paroles. Hé bien va-y Jenifer, il serait temps après dix ans de carrière. Merci Universal Music ! Vous nous avez ouvert les yeux !





Cela tue la carrière de vos poulains dans l'œuf (Premières rencontres de Sophie-Tith ; Olympe ) 

Si les artistes confirmés sont responsables en partie de ce genre de pratique, on ne peut pas en dire autant de tous ces jeunes (souvent sorti d'un concours de chant) à qui on impose les albums de reprises pour surfer vite fait et bien fait sur leur succès (parfois moins de six mois après leur participation à une émission). Cette volonté en plus de ne pas engranger nécessairement des ventes faramineuses est surtout criminel pour la future carrière de ces chanteurs : un premier album doit permettre aux artistes de dévoiler leurs personnalités, leur goût, ce qu'ils ont de différent par rapport aux autres, comment imaginer que lui faire chanter des titres entendus mille fois répond à cette problématique ? Olympe et Sophie Tith (respectivement finaliste de The Voice et gagnante de Nouvelle Star) en ont fait les frais et en voit leurs carrières fortement compromises. Alors vous me direz « Oui, mais ils vont pouvoir sortir un album de chansons originales après » oui, mais après quoi ? Après avoir utilisé le peu de crédit qu'il avait dans la presse et auprès du public sans transformer l'essai ? Leur second album n'aura pas le même effet de curiosité et les auditeurs n'auront pas nécessairement la même bienveillance... Les maisons de disques en choisissant cette facilité auront peut-être flingué la carrière de leurs poulains et ça, c'est d'un cynisme sans nom...

Donc encore une fois Messieurs les producteurs, vous les chanteurs en fin de vie, vous les jeunes artistes pleins de sèves ne vous y tromper pas : les disques de reprises n'ont rien de bon à vous apportez. Tout ceci est sans doute révélateur d'une industrie musicales en berne qui manque d'imagination, d'envie d'en découdre et qui joue sans cesse la carte de la sécurité ! Au final, la plèbe ne veut qu'une seule chose : des chansons qui leur fassent rire, pleurer, danser, qui leur provoques de nouvelles émotions. Et pour ce faire il faut des auteurs, des musiciens, un concept, de la recherche, une capacité à interprété, a donné du sentiment ! En un mot si vous voulez faire du fric, Messieurs les Producteurs : bosser pour... Le succès ne sera peut-être pas immédiat, mais vous serez un jour récompensé... Et qui sait peut-être qu'un jour, ce sera les chansons de vos poulains que l'on se mettra à reprendre !


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