Magnum de Philippe Katerine : Sous le soleil...

Magnum de Philippe Katerine : Sous le soleil...
Chamau se faisait une joie d'écouter le nouveau Katerine dont les premiers extraits lui avait donné l'eau à la bouche. Est-il a la hauteur de ses attentes ? Pas tout à fait...

Chamau

Adulé des uns, conspué des autres, Katerine fascine autant qu'il agace. Pour ma part, j'ai toujours été sensible a son coté absurde qui souvent cachait une réelle profondeur faisant de lui, à mon sens, une sorte de Brigitte Fontaine au masculin (toute proportion gardée). Si je l'ai connu (et aimé) à partir du fameux Robot après tout  album drôle mais sulfureux je l'ai apprécié davantage à ses débuts notamment avec Mes mauvais fréquentions avec ses textes mélancolique et son ambiance minimaliste. J'ai depuis toujours défendu ses partis pris artistiques même sur le polémique Philippe Katerine, un peu branleur certes, mais ou il émanait quelque chose de singulier et de plaisant. Il va sans dire que j'attendais ce nouveau cru (c'est le cas de le dire) avec impatience.
Magnum s'articule autours des trois définitions du titre : la glace, l'alcool et le flingue... Un album à la fois enfantin, festif et se voulant aussi percutant. Aux arrangements Katerine délaisse Gonzales pour SebastiAn (un musicien évoluant dans la scène electro'). Si le travail du premier avait été plutôt louable jusqu'ici on reste sur le charme de cette nouvelle collaboration qui donne beaucoup de fraîcheur à ce nouveau disque. Disque qui commence justement sur Delta quasiment instrumental.

Il faut dire que SebastiAn est clairement l'atout principal de Magnum avec des sonorités disco très sensuelle et diaboliquement accrocheuse (rappelant à certains égards le Sexuality de Sebastien Tellier). La réussite des titres se font en grande partie grâce à ces arrangements lumineux et d'une grande richesse face a des textes toujours aussi... Minimaliste !

« Je suis cool, quand t'es cool/Je suis triste, quand t'es triste/ Je suis stress, quand tu stresses/ Je suis sexy quand t'es sexy/ Je chante toujours la même chanson/ Je chante toujours cette chanson » Sexy-Cool – Magnum – Katerine 

Car ce nouveau disque est tout à fait dans la continuité de l'album Philippe Katerine ce qui a son charme, mais aussi ses limites. Difficile d'accroché a des textes aussi pauvres voir carrément stupide. Là ou le précédent opus était intéressant, car fonctionnant en exercice de style (chantant l'alphabet, ou reprenant la première note de l'écran d'accueil de Windows) Magnum n'a pas cette excuse. Si certaine thématique était plutôt judicieuse (ADN faisant par exemple écho à la théorie du genre) le sujet est trop peu effleuré pour que cela nous interpelle ou au moins nous fasse rire. On aurait voulu apprécier Efféminé qui « avec ses grosses couilles » achète « son kinder bueno » mais comment s'amuser sur un texte qui tient sur un papier de carambar ? Le seul morceau vraiment réussi se trouvant dans ce cas de figure se révélant être Les dictateurs.

« Les dictateurs étaient tous de très beaux bébés/ Kadhafi Mussolini Pinochet/ Vous pouvez vérifier sur wikipédia/ De beaux bébés de 6 mois/ Les dictateurs avaient tous des mamans trop maman/ Staline Hitler ou Ben Ali/ Vous pouvez vérifier dans leurs biographies/ Elles étaient trop gentilles/ Bien trop gentilles / » Les dictateurs – Magnum – Katerine

Si certains titres se révèlent franchement décevant (Le trouvère de Verdi aurait pu survivre sans les pleurs ridicules du chanteur) d'autre sont au contraire juste navrant Strip-teaseuse et Amiami nous rompent les oreilles avec ces éternelles énumérations, et ses jeux de mots faciles. Et que dire de Sensible (parlant en gros d'une érection) qui en plus d’être très gênante, donne envie de donner envie de mettre de coup de boule dans les murs (où éteindre la chaîne hi-fi c’est selon) ? C'est vraiment dommage, car là ou Conne ou Inadapté de Brigitte Fontaine (dans ces mêmes veines absurdes) étaient des chansons construites au niveau des textes et loin d'être idiote (parlant finalement de la société ou de la bien-pensance) on se demande bien ou Katerine veut en venir. Si la chanson n'est ni drôle, ni bien chanté, ni forte : à quoi bon la mettre sur un disque ?

Pourtant, il y a des morceaux qui sont vraiment bien, souvent ceux qui se révèlent les plus bavards. Patouseul dont l'air vous rentre aisément en tète et qui se trouve être aussi assez touchante ou même Faire tourné amalgamant des sonorités très éthérés (presque spatiale) avec un « refrain » hypnotique : De vrais belles chansons. Mon coup de cœur revient notamment à Imbécile Heureux d'une part parce que la musique est absolument magnifique et aussi parce que la joie qu'elle nous procure est fantastique. Avec ces quelques titres assez remarquables on se demande pourquoi le chanteur Phillipe Katerine s'obstine a mettre des tels points de rupture entre ses titres : cela casse la dynamique de l'album. Si frustrer l'auditeur est parfois une bonne chose, le malmené sur tout le long d'un disque avec des titres très faible, ou beaucoup trop conceptuels relève d'une vraie erreur d'appréciation : le plaisir doit toujours rester une priorité.

« Y a des arbres autour de la tour Eiffel/ Y a des gens en pantalon/ Hey!/ Y a un chien qui suit un camion poubelle/ Il a l'air d'un con/ Non non non/ J'suis patouseul/Non non non/ J'suis patouseul/ (T'es patouseul)/ J'suis patouseul/ J'suis.../ Comme une clope dans un paquet de clopes/Comme une frite dans un carnet de frites/ » Patouseul – Magnum - Katerine

Vous l'aurez deviné, difficile pour moi d'avoir un avis précis sur ce nouveau Katerine tellement il est fait de contraste et de tentative plus ou moins réussis. Je regrette que depuis quelques années le chanteur années  fasse dans l'auto-caricature et parfois même dans l'auto-auto-caricature. Le 36e degrés dont il fait preuve ne remplacera jamais la simplicité d'une chanson comme Le jardin Botanique, toutes ces couches de provoc' ne battra jamais l'irrévérence désuète de sa Mort à la poésie. Panne d'inspiration, peur du changement ou d'échouer ? Je l'ignore. Il reste que même si l'album est décevant, il se révèle plus abouti que le précédent avec des chansons plus riches, moins de concepts, plus d'émotion. Un disque beauf dans ses propos, élégant dans ses arrangements. Stupide comme il peut être malin, dans la cible comme il peut être à coter. Alors 7 ou 3 ? Sabrons le magnum en deux, on lui fera justice.


Chamau


5/10



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