La Bande à Renaud : Laissez béton !

La Bande à Renaud : Laissez béton !

Apres le succés des albums de reprise de Godman et de Walt Disney, un nouveau projet autours des chansons de Renaud voit le jour avec un casting large et à la page. Mais cette bande à Renaud parvient-elle a eviter l'hécatombe musicale de celle de Goldman ? Absolument pas pour Nardaan...

Nardaan

Ce n’est pas une surprise : Renaud est l’un de mes chanteurs français préférés. Souvent il m'arrive d'écouter ses premiers albums en boucle (notamment son premier opus : Amoureux de Paname). Et c’est donc avec un certain a priori que j'ai entrepris l'écoute de l'album de reprise de ses chansons, chansons qui sont réputées pour être très personnelles et donc pas forcement facile à transformer. Faut dire que ça a l’air d’être à la mode ces derniers temps les albums de reprises, et le pire, c’est que ça fonctionne, même quand c’est tout à fait pathétique (ce qui est mon point de vue sur Génération Goldman). Alors, est-ce que la Bande à Renaud rejoint le gang des médiocres ? La réponse est claire, nette et sans appel : oui.

« C'est pas l'homme qui prend la mer/C'est la mer qui prend l'homme/ Moi la mer elle m'a pris/ Je m'souviens, un mardi/ J'ai troqué mes santiag'/ Et mon cuir un peu zone contre une paire de dockside/ Et un vieux ciré jaune/ J'ai déserté les crasses/ Qui m'disaient : Sois prudent La mer c'est dégueulasse/ Les poissons baisent dedans !/ Dès que le vent soufflera je repartira /Dès que les vents tourneront nous nous en allerons... » Dès que le vent soufflera – La Bande à Renaud (Collectif)


On peut tout d’abord commencer par les bons points : le rap sur Laisse Béton qui a le mérite de changer un peu de l’original, Deuxième Génération qui est excellente dans la bouche de Benjamin Biolay, Manu, qui peut s’écouter sans vouloir se... tuer et En Cloque, parce que Thiéfaine arrive à ajouter quelque chose dans sa reprise. Si l’album n’avait été fait que de ces quatre reprises là, la chose aurait pu être agréable (bien qu’un peu chère pour 4 chansons). Si toutes les ré-interpretations avaient été de ce niveau , La bande à Renaud aurai eu une toute autre dimension.


Mais évoquons  le massacre premier et principal de cet album : Mistral Gagnant. Comme beaucoup de personnes, Mistral Gagnant est l’une de mes chansons préférées de Renaud – je la considère comme étant celle qui termine son cycle loubard et rebelle -. Ici, c’est Cœur de Pirate, artiste qui ne me parle pas plus que ça –mais qui ne me dérange pas- qui l’interprète, avec une petite voix et de l’émotion. Conneries, seulement des conneries. Cette reprise m’a fait demander pourquoi j’ai commencé à écouter l’album. Cette chanson est celle de Renaud, sa plus intime, et n’a aucun intérêt à être reprise. C’est viscérale et violent tant ma haine est forte contre la jeune chanteuse qui a commit cette faute, surtout que l’album à fait sa promotion autour de ce single.


« A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi/ Et regarder les gens tant qu'y en a/ Te parler du bon temps qu'est mort ou qui r'viendra/ En serrant dans ma main tes p'tits doigts/ Pis donner à bouffer à des pigeons idiots/ Leur filer des coups d' pieds pour de faux/ Et entendre ton rire qui lézarde les murs/ Qui sait surtout guérir mes blessures/ Te raconter un peu comment j'étais mino/ Les bonbecs fabuleux qu'on piquait chez l' marchand/ Car-en-sac et Minto, caramel à un franc/Et les mistrals gagnants/ » Mistral Gagnant – La Bande à Renaud (Coeur de Pirate)

Les autres reprises –à défaut d’être aussi gerbantes- sont toutes oubliables : Chanson pour Pierrot, l'un de mes morceaux préférées, est rendu insipide par Raphaël. Aucune émotion, ton monocorde, une perte de temps. La Médaille par Grand Corps Malade ressemble à un poème lu par un enfant de 6 ans qui s’amuse à bien insister sur les fins des vers (une interpretation très scolaire). Là encore, inutile. Je suis une bande de jeunes, chantée par Renand Luce, Alexis H et Dorémus (tous plus ou moins intime de Renaud, Luce étant d'ailleurs son gendre), me consterne simplement (et j’ai l’impression que c’est Enrico Macias qui chante au début de la chanson, ce qui continue de me perturber). Les mêmes défauts peuvent être imputés à La pêche à la ligne et Il pleut. Leur existence n’a pas d’utilité ni de légitimité. Hexagone est horrible ; et La ballade nord-irlandaise, reprise par Nolwenn Leroy qui doit, apparemment s’occuper de toutes les chansons qui se passent dans ces regions là, est laide … juste laide. Et il en reste une que je n’arrive pas à expliquer : C’est quand qu’on va où, par Carla Bruni qui, pour rappel, est mariée à un mec que n’apprécie pas trop Renaud. On peut imaginer que Renaud considerait les qualités artistiques de la dame malgré son attachement à Sarkozy, mais cela aurait été crédible si Carla Bruni avait eu quelques qualités artistiques. Sa présence sur ce disque est à mon sens la plus étrange et l’une des plus ratés.

« J'me suis chopé cinq cent lignes : "Je n'dois pas parler en classe"/ Ras l'bol de la discipline ! Y'en a marre, c'est digoulasse !/ C'est même pas moi qui parlais, Moi j'répondais à Arthur/ Qui me demandait, en anglais/ Comment s'écrit No Future/ Si on est puni pour ça/ Alors j'dis "Halte à tout !" / Explique-moi, Papa, C'est quand qu'on va où ? » C'est quand qu'on va ou ? - La Bande à Renaud (Carla Bruni)

Alors, que doit-on en retenir ? Tout ce à quoi on s’attendait en apprenant la nouvelle d’un disque de reprise de Renaud par tous ces gens. C’est mauvais, en somme, et à part quelques chansons, ce disque est à oublier, digne héritier de la génération Goldman, digne héritier d’une musique formatée et qui cherche à vendre. Que Renaud nous revienne, ou qu’il s’arrête ici, et ne cautionne plus de tels projets catastrophiques.

4/10

Nardaan

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