vendredi 29 août 2014

Ici bas, ici même de Miossec : Merci !

Ici bas, ici même de Miossec : Merci !
Est-ce l'année de Miossec ? Voilà déjà presque vingt ans que Miossec s'est fait une place si singulière dans la musique. Avec ce 9e album, l'artiste atteint un rare moment de grâce. Chamau en fait modestement la chronique.







Les épreuves auxquelles est confrontée un artiste influence irrémédiablement son travail. Si souvent la souffrance et les difficultés conduisent à des disques d'une noirceur extrême certains d'entre eux apparaissent comme des résurrections ou la violence s'incline face à un certain apaisement et ou l'angoisse laisse place à l'espérance. Cette lumière sortie du néant, on avait déjà pu l'entendre il y a quelques années avec Roc'éclair de Jean-Louis Aubert, mais en 2014, c'est Miossec qui est ressuscité par la musique... Une leçon qui donne lieu à ce qui est l'un des plus beaux albums de cette année : Ici bas, ici même.

« La vie elle a passée/ Et on l'a comme pas vécu/ Ou peut être pas assez/ Pas comme on aurait dû/ Peut on encore imaginer/ De nouvelles étendues/ Des rivières à traverser/ Et même des fleuves en crus/ C'est pas fini/ On vient à peine de commencer/ C'est pas fini/On peut encore se retourner » On vient a peine de commencer – Ici bas, ici même - Miossec

Un album resserré, court (un peu plus d'une demi-heure) principalement écrit et composé par le chanteur (hormis la très étrange « Répondez par oui ou pas non). Aux arrangements, c'est décidément le très talentueux Albin de la Simone qui est aux commandes et Brunhes à la production. Cette association donne lieu à une ambiance musicale résolument moins rock que de coutume, mais aussi plus lumineuse. Riche, profonde, mais avec une vraie légèreté la musique est un écrin parfait pour des textes d'une pertinence étonnante. Marqué dans sa vie intime et par la maladie (le chanteur a de plus en plus de mal à se déplacer, comme on a pu le voir en concert) Miossec parle de la mort, de la vieillesse (notamment sur le très réussis single On vient a peine de commencer), du temps qui passe le tout avec finesse, mais surtout sans aucun pathétisme complaisant, sans jamais être dans mélodrame. En vérité, ses questionnements conduisent à une fureur de vivre, à une énergie salvatrice. Même la voix (qui m'avait toujours un peu freiné dans mon écoute de l'artiste) se révèle troublante. Avec ses imperfections et son léger éraillement, sa jolie nonchalance, Miossec nous invite un peu dans son intimité sans nous brusquer, avec ses angoisses qui parlent à chacun de nous. Du grand art.

« Si nous portons ainsi notre visage/ C'est pour qu'il soit un jour aimé/ Ce serait quand même bien dommage/ Qu'il ne soit plus jamais caressé/ Même s'il a connu des carambolages/ Et qu'il en est sorti cabossé/ Il a quand même passé l'âge/ D'aller le soir se faire désirer » Samedi soir au Vauban – Ici bas, ici même – Miossec

Mais cette intention n'est pas la seule grande réussite du disque. Parce qu'Ici bas, ici même possède des chansons, de très belles chansons. Nombreuse sont celles qui auront une place à part dans le répertoire de Miossec. Samedi Soir au Vauban (inspiré par le poème de Paul Eluard) à la mélodie imparable est une magnifique réussite. La chanson Nos morts, d'une intelligence remarquable et dont les vers finaux révèlent du pur génie ((On est quand même plus beau/ vivant que mort/ Même si on a l'air plus reposé / C'est qu'ici on fait trop d'effort).... Elles sont nombreuses ! Le disque offre 11 chansons de très hauts volés, sans aucun ratage... Mais la plus belle est peut-être celle qui clôt le disque : Des touristes, avec un texte tout en métaphore qui vous met les larmes et un final instrumental qui vous met les poils, tout simplement.

« Nous sommes des touristes/ Nous ne faisons que passer/ C'est pour ça qu'on a l'air triste/ Quand il s'agit de payer/ On est un peu comme les cyclistes/ On a tous peur un jour de crever/ De sortir de la piste/ Ou de se mettre à dérailler/ Embrasse tout le monde de ma part/ Porte toi bien et à plus tard/ Dis leur qu'ici tout va bien/ Dis leur bien qu'ici tout baigne... Tout baigne (x4) » Des touristes – Ici bas, ici même - Miossec

Après sa victoire de la musique pour les paroles de « 20 ans » de Johnny Hallyday et ce qui est sans doute le plus bel album de sa carrière Miossec aura connu peut-être des difficultés, mais est au summum de son art et obtient enfin la reconnaissance qu'il mérite. Un indispensable bijou poétique qui aura sans aucun doute une petite place quelques parts dans la musique. Un joli pied de nez à ceux qui pensait que la chanson francophone était morte, Miossec est bien là, ici bas, ici même et pour cela il n'y a qu'un mot à dire : Merci.


8/10 

Chamau

Nous ne sommes ni des donneurs de leçon, ni le glaive infaillible du bon goût, il ne s'agit là que d'un avis subjectif. Nous avons tous une vision de la musique différente, avec des gouts et des priorités différentes. N'hésitez pas à laisser des commentaires afin d'enrichir le débat, toute critique est bonne à prendre ! 

3 commentaires:

  1. Tout est dit! Superbe album en effet mais en même temps, Miossec ne m'a jamais vraiment déçu...:)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ça m'a vraiment donné envie de le redécouvrir en tout cas. Merci du commentaire :)

      Supprimer
  2. Coucou,
    J’adore Miossec ! L’album est magnifique comme toujours et il s’écoute sans retenue. Merci pour le petit article. À la prochaine.

    RépondreSupprimer