Saltimbanque de Keen'v : V pour Vulgaire.

Saltimbanque de Keen'v : V pour Vulgaire.

Avec ce cinquieme disque Keen'v s'assure d'or et déjà un succès cet été mais qu'en est-il de la qualité de l'album ? Chamau du P.A.M en fait la chronique... pour le meilleur et pour le pire...

Chamau

C'est désormais un rituel, chaque été nous avons droit au nouvel album de Keen'v. Cela fait déjà quelques années que le chanteur réussit à ébranler les charts estivaux avec sa musique légère et souvent festive. Voyant le phénomène se pérenniser, j'ai décidé de m'intéresser de plus près au cinquième disque d'un des plus solide poulain de la maison AZ.

« Tombée du ciel/ Tu m'ensorcelles/ Seras-tu celle qui fera que je puisse me ranger ?/ Mon espoir se morcelle/ Quand en une étincelle/ Aucun lien ne se scelle/ Car j'reste un étranger/ Et jamais j'n'aurais pensé-é-é/ Un jour tomber amoureux-eux-eux/ Et la conséquence est, est, est/ Un rien, toi seule peut me rendre heureux/ Le simple fait d'exister-er-er/ Un petit peu à tes yeux-eux-eux/ Me pousserait à persister-er-er/Un rien, à nous imaginer tous les deux/ Même si tu ne me vois pas/ Oh Marina ! Oh Marina !/ Te quiero Je ne peux m'empêcher de penser/ Qu'ensemble toi et moi/ Oh Marina ! Oh Marina ! Ce serait beau/Alors baby dis-moi oui !/ » Dis-moi oui (Marina) – Saltimbanque - Keen'v


Dès la première écoute des traceurs musicaux se révèlent : on est face à un album globalement dansant, assez ensoleillé et... parfaitement inaudible. Les musiques plates qui oscillent entre le dupstep vomitif et l'ambiance titi parisien à la Amelie Poulain (du pauvre) s'accouplent avec des textes proches du néant. Si on peut fermer les yeux sur le manque d'articulation de Keen'v (que l'on rencontre chez beaucoup de chanteur de Reggae Dancehall) on regrette que, dans les chansons tendant vers la variété, on lui découvre une voix fermée, pas toujours très juste et surtout une fâcheuse tendance à minauder. On note aussi pas mal de mauvaises idées : sa voix en écho sur certains titres (sur Ca va aller par exemple) ou les appels aux publics à l'intérieur de titre studio... le vocodeur. Mais tout cela n'est rien, car si l'album est désagréable à cause des textes noyés sous une tonne d'effet et une voix malhabile, le pire vient surtout du fond et non de la forme.

« Il y'a la fée " Néante"/ Pas toujours très attirante, fatiguée comme fatiguante/ Et le plus souvent nonchalante/ Il y aussi la fée "Roce" qui fait peur à tous les gosses/ En fesant un peu d'ombre à la fée "Carabosse"/ Il était une fois la fée "Héri" surement la plus aguerrie/ Quelque soit la maladie d'un coup de baguette, elle te guérit / Il y a aussi la fée "Line" le contraire de la câline/ Pleine d'énergie comme l'alcaline. Mais moi.../ J'préfère la fée "Lation'/ La fée "Lation' c'est ma copine/ Et quand elle passe à l'action/ Elle me soulage où tu devines/ » Conte de Fée – Saltimbanque - Keen'v

Car il faut admettre qu'en étudiant les paroles, les thématiques visées et les moyens pour y parvenir sont médiocres. Entre les éternels poncifs sentimentaux dont l'approche est générique voire complètement caricaturale (« L'amour c'est ce qui nous faut/ quand vraiment rien ne va/ il n'y a rien de plus beau que ce sentiment-là » sur C'est ce qu'il nous faut) et les chansons grivoises (Conte de fée avec sa Fée Lation... amis des jeux de mots pourris, bonjour) le niveau n'est pas bien haut. Si J'étais bourré est plutôt amusante malgré une ex dont il aurait envie de « casser les jambes » (on a fait un procès à Orelsan pour la même chose... mais comme Keen'v n'est pas rappeur ça ne doit pas être si grave) on se demande si cette chanson n'a pas plus sa place dans un bar avec des amis que sur un album que les auditeurs payent quand même relativement cher, surtout pour entendre des titres qui alternent entre un ton romantique et des remarques franchement misogynes... Si Keen'v aime la Fée Lation, il semble avoir aussi beaucoup de considération pour une Mamy (Ola Mamy) qu'il voudrait monter comme un cavallero... on a vu plus fin. Le pire est peut-être quand Keen'v s'essaye à des sujets plus sérieux tel que sur Certains m'appellent, où le chanteur dresse le portrait d'une vieille dame esseulée. Une catastrophe pathétique (le chanteur en fait des tonnes) et un malaise à l'écoute ! On avait rarement entendu quelque chose d'aussi maladroit, surtout que l'artiste ne semble pas maitriser la métrique ; si bien que ces phrases s'emboitent souvent très mal dans les mélodies, par conséquence les chansons sont branlantes et cela vient perturber l'écoute.

« Je n'ai plus personne à qui parler/ Les visiteurs se sont raréfiés/ Ma seule compagnie c'est la télé/ Et l’horloge qui tourne/ Je n'ai demande à quoi bon continuer/ Le principal de ma vie/ est quand je me retourne./ Je me couche tard en soirée/ je me lève tôt le matin/ Mais pour vous à quoi ça est/ Vous n'avez pas pensé/ que c'que j'remets à demain/ je ne pourrai pas le faire/ Quand je vais me couche/ j'ai bien trop de chagrin/ Car c'est peut être la dernière/ Car il se peut que vous me trouviez/ seule au petit matin/ Sans aucun souffle l'air/ » Certains m'appelent – Saltimbanque - Keen'v

Après réflexion j'avoue avoir une certaine incompréhension. Un artiste qui trace sa route entre M. Pokora et Franky Vincent, dont la réalisation du disque est datée, les textes franchement pauvres et la voix pas extraordinaire, qui ne prend finalement que peu de risque par rapport au reste de sa carrière (les mêmes thèmes que sur ses précédents albums, un duo avec sa sœur Lorelei B) : Il n'a rien de fort, rien de puissant alors pourquoi ça marche ? Parce que sa musique est festive ? Non, Alizée, dont l'album était certes raté mais bien moins que celui-ci, faisait aussi dans ce créneau et pourtant c'était un échec commercial. Parce qu'il est beau garçon ? Baptiste Giabiconni, s'est planté pourtant ! Il y a évidemment beaucoup d'éléments pour l'expliquer : une musique en adéquation avec la saison, un univers assez ouvert qui plait au plus grand nombre, qui ne se prend pas au sérieux, une bonne promotion derrière... et puis finalement une phrase me revint, d'une certaine Sophie Delassein... une phrase assez triste et un constat qui ne fait pas du bien à la musique : « La célébrité est comme une mouche à merde elle se pose sur n'importe qui » ! Donc merci Keen'v, à l'année prochaine

2/10

chamau

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