vendredi 1 août 2014

Vélo Va de Dick Annegarn : Tendre poète...

Vélo Va de Dick Annegarn : Tendre poète...
Dick Annegarn... Difficile de faire une chronique d'album d'un tel artiste. Si Chamau se prête au jeu il aurai voulu en écrire davantage ! Mais penchons-nous sur le dix-septième disque du géant venu de Hollande.








Chamau
Je connais fort mal Dick Annegarn, plus jeune son accent a coupé au couteau me rebutait un brin... En grandissant, j'ai découvert que ce qui était différent en musique était-ce qui me faisait vibrer. À l'instar de la voix de Bashung, il y a quelques années, c'est dans une vingtaine légèrement entamée que je me suis mis à apprécier ce timbre et cette diction si particulière qui font le charme de l'inénarrable chanteur de Bruxelles. Le 7 avril marquait donc le grand retour de cet artiste singulier, en résultait un album resserré, de dix titres seulement et d'une rare sensibilité : Vélo Va.

« J'ai navigué dans un piano/ D'autres pirates me suivent dans l'eau/ Chacun sa route, chacun sa trace,/ Chacun ses flots/ La mer est d'huile, le ciel pas beau/ Le vent souffle à peine, je n'avance pas trop/ Chacun sa route, chacun sa trace,/ Chacun ses flots/ Ma gueule de bois, ma gueule de veau/ Montre les traces de nuits sans repos/ Chacun sa route, chacun sa trace,/ Chacun ses flots/ » Piano dans l'eau – Vélo Va- Dick Annegarn 

Pour tout vous dire, j'avoue ne pas trouver mes mots face à un tel disque. Non pas par manque d'inspiration, mais parce que comme rarement j'ai le sentiment que l'artiste a tout dit... Qu'il a atteint pleinement son but. Comment ne pas rester sans voix à l'écoute d'une poésie aussi rare, intimiste sans être impudique, mystérieuse sans être hermétique : une écriture maîtrisée certes, mais qui s'autorise toutes les libertés (même syntaxique). Annegarn creuse son sillon, un peu a coté de nos préoccupations premières et pourtant, il fait mouche ! Entre le fantastique Piano dans l'eau faisant le bilan tout en métaphore de sa carrière et Je cherche chanson sur l'inspiration l'artiste ne rougit pas de son parcours atypique et met en scène tous ses paradoxes et ses particularités. Un album ou l'enfance (avec Prune texte plein de sous-entendus, mais chanter sous forme de cantine) côtoie la mort (la question du suicide sur Pire qui clôt le disque de façon magistral), ou l'insouciance se confronte à la douleur et parfois même se rencontre, le temps d'une chanson avec Un enfant, la grande réussite du disque.


« Un enfant, un enfant m'attend/ pour me dire pour me dire d'attendre/ il me tend, il me tend ses bras/ pour qu'on noue, pour qu'on noue alliance/ Qu'ai je donc fait pour mériter tant de tendresse ?/ Qu'ai je donc fait pour mériter tant de confiance/ Qu'ai je donc fait pour être son père noël ?/ qu'ai je donc fait pour incarner l’éternel ? » Un enfant – Vélo Va – Dick Annegarn

Parfois enfantin, parfois grave, Dick Annegarn se fait aussi politique : En témoigne Brahim Alham, chanson hommage d'un tirailleur maroquin quasiment à cappella que n'aurai pas renier le tandem Areski/Fontaine dans les années 70, un morceau coup de poing ! Un album avec énormément de facette qui aurait pu sembler éclatée s'il n'était pas relié par le grand talent d'auteur d'Annegarn, mais aussi sa réelle force d'interprétation : sa façon d'articuler qui fait vibrer chaque mot qui sort de sa bouche, et sa voix cuivrée, qui quand elle tient la note n'est jamais grandiloquente mais toujours fine et empreinte d'une vraie émotion, une générosité qui vous prend par les sentiments. La musique n'est pas non plus en reste grâce notamment à Freddy Koella (le réalisateur de l'album) qui délaisse (un peu) la guitare pour des instruments plus originaux : harpe (sur l'étrange Karlsbad), flute à bec, banjo, autant d'éléments qui confèrent a ce disque une atmosphère particulière, presque champêtre... Loin en tout cas de la musique glacée qu'on entend parfois en studio.


« Il y aurait tant de chose a dire/ Il y aurait tant de chose a faire/ Que je ne sais plus quoi te dire/ Que je ne sais plus quoi te faire/Le délit dans le délire/ C'est d'attenter à sa vie/ C'est de quitter le navire/ En pleine intempérie/ » Pire – Vélo Va – Dick Annegarn 

Ce qui est magnifique, c'est que ce disque nous rappelle énormément de chose (la gaieté d'un trenet, l'humour d'un Lapointe ou la profondeur d'une Brigitte Fontaine) tout en étant très incarné par le chanteur qui nous revient comme un vieil ami qu'on aurait oublié. Dick Annegarn nous fait passer trente minutes en sa compagnie à la fois émouvante et réconfortante... Le plus bel album français de ce début d'année.


8/10

Chamau

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1 commentaire:

  1. Ce disque a été une belle claque. Très très belle.
    Chapeau bas Dick Annegarn.

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